Angèle

En 2023, Angèle a depuis longtemps conquis la scène pop. Bien sûr, l’artiste belge est née d’un père musicien accompli et d’une comédienne reconnue dans le plat pays et pour ne rien arranger, c’est la petite sœur de Roméo Elvis. Fille de, sœur de, certes. Mais il ne s’agit pas que de ça. Après une enfance sans histoire dans une banlieue cossue de Bruxelles, Angèle a 20 ans. Elle commence à faire des petits concerts dans des petits bars. Sur Internet, armée de son petit clavier, elle poste des petites vidéos musicales humoristiques. Mais caché derrière la légèreté : le talent, brut, indéniable. Un jour, on l’appelle, on lui propose les premières parties de Damso. Les débuts sont durs : le public du rappeur rejette en bloc la petite chanteuse blonde à la pop sucrée.

Sans se démonter, la Belge sort en 2017 son premier titre, « La loi de Murphy », accompagné d’un clip léché signé de la très tendance Charlotte Abramow, qui ne la quittera plus. Elle distille quelques singles par ci par là. Sans qu’elle ait sorti un seul album, les plus célèbres festivals comme les Vieilles Charrues se l’arrachent. Enfin, Angèle sort un premier opus Brol (« bordel » en argot belge) en octobre 2018. Brol est à l’image de la jeune femme : léger, joyeux, foutraque, explosif. C’est le succès, l’explosion, la consécration. Elle lance sa tournée, le Brol tour, qui durera deux ans et traversera les frontières. Elle récolte toutes les récompenses. Prolifique, elle aligne tube après tube, alimente les réseaux de contenus et chasse les « likes ». Un rythme cannibale qu’elle s’impose jusqu’à l’épuisement et une dépression. En 2021, Angèle signe un retour attendu avec son album Nonante-Cinq et le single « Bruxelles je t’aime ». La pop très personnelle d’Angèle séduit, et pour cause : les paroles simples, souvent tristes ou au moins mélancoliques, touchent tout le monde, les mélodies restent en tête, les mélisses sont aériens, les rythmes sont entraînants. Angèle, en bonne virtuose du piano, est la pro pour trouver les accords qui font mouche.

Cette année est particulièrement enrichissante pour la jeune femme. Après un passage remarqué à Coachella, Angèle enchaine ensuite les festivals et s’est vu décerner deux prix lors de la 38e édition des Victoires de la musique. L’artiste est donc dans toute sa montée.
Pourtant, avant d’être une star, Angèle est une femme, ses vulnérabilités qu’elle dévoile en marge de la sortie de Nonante-Cinq dans un documentaire autobiographique produit par Netflix. Montrer ses failles et confier ses doutes, ses angoisses, la dépression qui la guette, face à un succès démesuré, déraisonnable, imprévu. Surmonter une rupture, assumer sa bisexualité. Angèle fait de sa vie et de ses coups bas la matière première de sa musique.

Superstar pop, étendard d’une jeune génération sensible aux questions sociétales des années 2020 (des amours inclusifs à la lutte contre le réchauffement climatique), influenceuse stylée courtisée par les plus grandes marques, Angèle séduit par cette proximité savamment entretenue et par sa pop légère qui fait pleurer, danser voire les deux à la fois.