Avanie et Framboise

Boby Lapointe est un chanteur français qui a fait des jeux de mots, des contrepèteries et des sous-entendus sa signature. Disparu en 1972, ce fin maître de la langue qui claque, porté sur les jeux d’esprit, nous laisse des joyaux d’humour, comme la chanson « Avanie et Framboise » sortie en 1960. Au départ, le style d’écriture complexe et fantasque de ce copain de Georges Brassens rebute et questionne. Mais c’est le réalisateur François Truffaut qui lui donne sa chance, en lui demandant de composer pour son film « Tirez sur le pianiste ». Accompagné d’une contrebasse et d’un piano (tiens, ne serait-ce pas Charles Aznavour ?), Boby Lapointe monte sur scène et entonne son morceau, se balançant d’un pied à l’autre, la mine tirée, pressée. Le producteur exècre la prestation et exige de sous-titrer le chanteur. Qu’à cela ne tienne. Truffaut accepte et met en avant les paroles pour que tous les calembours soient révélés. Pour le plus grand plaisir des amateurs de bon mots !
Boby Lapointe conte dans « Framboise » l’histoire d’une jeune serveuse, Françoise, qu’il courtise alors qu’il est encore à l’armée posté dans le département du Maine-et-Loire. Il enchaîne les jeux de mots avec virtuosité avec son phrasé bien à lui.
Une façon subtile et détournée d’exprimer ses désirs pour cette chère Françoise, qui recourt à une chirurgie esthétique au niveau de la poitrine… avant de quitter Boby qui n’aura pu en profiter. Mais tout cela, à vous de le décrypter ! Les amateurs de maths et de codes seront servis. Lapointe lui-même étaient un passionné d’équation et ça se sent. En 1960, alors que la libération sexuelle n’avait pas encore décoincé le corset de la société française, Boby Lapointe, audacieux, n’aura pas gardé sa langue dans sa poche.