Se revendiquer paresseux, pas si simple… surtout quand l’activité effrénée est encouragée partout, tout le temps. C’est peut-être pour ça que ce morceau éclair des turbulents Olivensteins a fait date…
Les membres des Olivensteins à leurs débuts
C’est l’histoire d’une bande de garçons originaires de Rouen qui ont voulu secouer « un peu » leur bonne vieille ville endormie. En 1975, les frères Eric et Gilles Tandy en prennent plein les oreilles pendant le concert de Docteur Feelgood et sa première partie, Little Bob. Gorgés de punk anglais, ils décident de se lancer et s’entourent de leurs potes. Gilles, qui n’a jamais chanté, se met au chant ; son frangin écrit. En 1978, Eric croise le Docteur Claude Olievenstein à un concert punk au Gibus à Paris. Ce psychiatre est une célébrité de la lutte antidrogue de l’époque, surnommé le « psy des toxicos ». Le nom du groupe est tout trouvé, mais le Docteur ne trouvera pas cela très drôle une fois que les Olivensteins se feront une place sur la scène punk française. Leur premier album, sorti en 1979, tape dans l’œil des plumes de la critique rock du moment qui lui font une pub d’enfer. Les concerts s’enchaînent mais le groupe est vite rattrapé par leurs provocs pris au premier degré et par le Docteur qui exige un changement de nom. La pression est trop forte. Les Olivensteins préfèrent se saborder en beauté plutôt que faire des compromis. So punk !
Regard sur la scène punk française, « Pogo, » de Roland Cros (Edition L’échappée, 2018)
Aux alentours de 1977, une vague furieuse déferle sur la France : ce sont les punks ! Le punk est plus qu’un genre musical, c’est une contre-culture dont la capitale fut Londres : elle fait du bruit et elle fait peur. Les punks sont sales, sont mal habillés… à quoi bon se faire beau ? L’Angleterre de Margaret Thatcher ne laisse pas place au rêve : l’ordre libéral et ses usines fermées se met en place, brutalement. No future ! Pas de futur ! En France, les punks étaient là, éphémères, mais des groupes comme Métal Urbain, Parabellum ou La Souris Déglinguée ont laissé des traces encore visibles aujourd’hui.
Enregistré avec tous les autres morceaux de leur premier album lors d’une session de studio express (il faut bien rentabiliser la réservation), « Fier de ne rien faire » est l’un des plus grands succès des Olivensteins. Devenu culte pour les keupons de toutes les générations malgré la courte vie du groupe, ce morceau est à la gloire de l’esprit anti-productif ! En un peu plus de deux minutes, l’énergie du désespoir est là grâce au trio basse-guitare-batterie. Les paroles d’Eric Tandy, bouillon plein d’ironie grinçante, sont portées par un chant en vrac. La chose est dite et bien dite !
C’est dur d’être si feignant Quand on aime tant l’argentUn dilemme punk bien résumé
A sucer des poires Belle-Hélène Les mains pleines de confitures Et les lèvres peintes de haine Lorgnant là-haut le ciel azur Où les japs se démènent A détourner des Boeing A descendre ceux qui…