Samedi 14 septembre, des artistes à la personnalité bien trempée viennent porter haut leurs valeurs en offrant au public de la Scène Zebrock une tranche musicale aussi vive que musclée.
Dope Saint Jude, portrait (Crédits photo : Haneem Christian - Thandi Gula-Ndebele - Elijah Ndoumbé)
Avec un rap cru aux basses puissantes, carrément grunges, Catherine Saint Jude Pretorius alias Dope Saint Jude sait se faire entendre et ce n’est pas pour ne rien dire. Née à Cape Town (Afrique du Sud) en 1991, cette fille de pasteur crée la première troupe de Drag King de son pays après des études de sciences politiques. Queer, puissante, militante, fière, politique, féministe, c’est elle qui établit les règles. Avec sa musique elle imaginait représenter des populations encore marginalisées et se battre pour l’égalité raciale, sociale et sexuelle en Afrique du Sud. C’est chose faite et plus encore, puisque son succès s’affranchit des frontières avec des titres comme le puissant « Grrrl Like ». Également productrice sonore, Dope Saint Jude prend seule la couronne qui fait d’elle une reine du rap !
Alysce, bien entourée, lors de la Finale du Grand Zebrock à la Maroquinerie, le 7 juin 2019 (Crédits photo : Marylène Eytier).
Fragile, téméraire, ingénue, persévérante, oui ? Et aussi une sacrée musicienne qui ose des textes parmi les plus denses que nous ayons rencontrés dans les ateliers du Grand Zebrock, là où se rodent ces belles et beaux talents qui s’en échappent fièrement et que nous voyons quelques années plus tard cheveux au vent. Ce sera le cas d’Alysce, lauréate Sacem-Zebrock 2019, et sans doute plus vite qu’on ne peut le croire quand benoîtement elle affirme jouer avec son frère et son père, fameux musiciens eux-aussi. Des chansons magnifiques, une grande émotion et une belle énergie : comme quoi, les histoires de famille se passent bien parfois aussi !
Michelle Blades, portrait (Crédits photo : Morgan Neuharth)
Née en 1990 au Panama dans une immense famille de musiciens pionniers de la salsa, l’autodidacte et touche-à-tout Michelle Blades joue un rock qui n’est pas sans rappeler celui, gracieux, des Pretenders et de Chryssie Hinde. Mais autres temps autres mœurs, elle joue serré, près de la porte du garage, là où le son est dur, un brin sale, pas tant par coquetterie que par évidence : mettre les mains dans le cambouis forge le tempérament.
Michelle Blades partage sa vie entre Paris et Miami, ville qui l’a accueillie à l’âge de 7 ans alors qu’elle quittait sa terre natale pour fuir la dictature de Manuel Noriega.
Actuellement, Michelle Blades multiplie les projets. Elle est en pleine préparation d’un album de space opera baptisé « Songs for the Homeworld », elle compose la bande originale d’un long-métrage panaméen, elle a accepté une mission de l’ambassade du Panama pour valoriser la culture de son pays et enfin collabore sur le premier album en espagnol du groupe La Femme.
Une artiste à suivre de très près…
Steve Amber, finale du Grand Zebrock à la Maroquinerie, le 7 juin 2019 (Crédits photo : Marylène Eytier)
Dans le grand bouillonnement psyché-rock qui semble agiter la scène française en ce moment, avec les Psychotic Monks en figure de proue, Steve Amber est sans doute une des formations les plus prometteuses, finaliste du Grand Zebrock 2019. Torrides et emportés, planants et inspirés, les sets du quatuor basé à Saint Ouen rassemblent un public qui semble avancer dans la rivière en priant ou en psalmodiant. Les salles se remplissent et commence alors la grande communion des larsens, roulements de tom, étirements de voix et vrombissements de basse, les gesticulations sensuelles succédant aux breaks les plus convulsifs. Ambiance assurée avec des compositions superbement construites et un art consommé, déjà ! de les interpréter.
Delgrès, portrait par Rémy Solomon en 2018