Style
Interpréter le quotidien des Portoricains en musique : c’est le principe de la plena, un genre musical surnommé “periódico cantado”, le journal chanté.
Née au début du 20ème siècle dans la ville de Ponce, la plena est la musique des travailleurs et travailleuses de cette île des Grandes Antilles, indépendante mais associée aux États-Unis. Elle raconte des vies, des histoires, celles de ceux qui travaillent dur dans les champs, au service des plus fortunés. Elle porte autant des récits humoristiques sur la vie de tous les jours, que des mots qui disent la douleur de la pauvreté ou un regard critique sur la vie politique de l’île. Elle est vectrice d’informations et crée un vrai sentiment de classe, de communauté, pour celles et ceux qui la jouent et l’écoutent. On se retrouve dans le quartier de San Anton à Ponce pour la plena, pour écouter ses paroles et partager un sentiment d’appartenance. Avec les déplacements de population liée à la recherche d’emploi, la plena arrive ensuite dans des plus grosses villes. Elle court le risque d’y être censurée en 1917, perçue par les bourgeois comme dangereuse et indécente. Malgré cela, elle conquiert le cœur des Portoricains et anime le pays, pour devenir à partir des années 30 l’une des musiques les plus emblématiques de Porto Rico et résonne au-delà de l’île grâce à sa diaspora.
Concrètement, la plena nécessite d’être jouée par un petit ensemble musical. Puisque les paroles sont si centrales au genre, elles demandent d’avoir un chœur et des solistes pour les interpréter. Ils sont accompagnés par au moins deux sections percussives. Les “panderos”, petit tambourin sans cymbales, se jouant à la main, dont il faut plusieurs exemplaires de tailles différentes. Deux autres tambours servent de référence pour la rythmique, le “seguidora”, et pour les moments improvisés “requinto”. Ce petit ensemble peut également être accompagné d’instruments à cordes comme un cuatro ou une guitare, ou encore par des congas ou des maracas. La plena est très lié à la bomba (autre genre musical portoricain), puisqu’elles partagent l’importance des textes mais avec des rythmes simplifiés et de plus petites percussions. Plus tard, la plena s’enrichit également de cuivres et de chants polyphoniques. Après une baisse de popularité, elle connaîtra un retour dans les années 90 avec des groupes comme Plena Libre ou La 21. Elle reste aujourd’hui un symbole culturel dans l’identité portoricaine. Parmi les musiciens les plus connus de plena, on peut citer Rafael Cortijo, Mon Rivera ou encore Manuel Jiménez.
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