Salif Keita

Immense musicien et chanteur, Salif Keita est un descendant direct de la famille fondatrice de l’Empire du Mali. Il naît en 1949, albinos. Une véritable malédiction pour le jeune garçon qui subira rejet et isolement durant toute son enfance car cette maladie est associée à de la sorcellerie par ses proches. Sa mauvaise vue l’empêchant de réaliser son rêve de devenir instituteur, il se plonge tout entier dans la musique, sa compagne de solitude, et en fait son métier. Quel choc pour sa famille qui réprouve ce choix de vie ! Qu’importe pour Salif Keïta qui, tout jeune homme, s’installe à Bamako pour courir les cabarets, chanter dans les cafés et sur les marchés. Sa voix tape dans l’oreille de Tidiané Koné, le saxophoniste de Rail Band de Bamako, qui l’invite à devenir le chanteur du groupe. En 1973, Salif Keïta rejoint les Ambassadeurs avec qui il sortira un premier album en 1978, Mandjou, hommage à la culture mandingue et à Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante. L’opus qui connaît un grand succès et installe Salif Keïta comme une des grandes voix des musiques africaines. Dans les années 1980, le musicien enregistre aux Etats-Unis et sa participation au festival d’Angoulême en 1984 le révèle aux Européens. Salif Keïta pose finalement ses valises à Montreuil, où il rencontre un autre artiste de stature mondiale, Manu Dibango avec qui il collabore notamment sur Soro, album mélangeant musique mandingue et pop, sorti en 1987. Au fil des décennies, Salif Keïta affirme sa griffe musicale faite de paroles fortes, de traditions puisant leurs racines dans la culture orale des griots et métissage avec des formes musicales modernes ou occidentales. Homme de luttes, Salif Keïta porte la parole de l’Afrique et des peuples en première ligne face au réchauffement climatique. Il combat avec acharnement le sort réservé aux albinos, encore victimes d’atroces mutilations ou de sacrifices en Afrique. Les titres de ses albums ont des sujets forts tel que le traitement des personnes albinos en Afrique, ou encore le laissé aller face à la pollution. En 2004, Salif Keïta revient au Mali et continue de faire entendre sa voix, sur scène ou à travers sa fondation.