Abdel Halim Hafez

Contemporain d’Oum Kalthoum, Abdel Halim Hafez est, comme la grandiose diva égyptienne, une vedette absolue de la chanson populaire dans le monde arabe. Né en 1929, fils d’une famille pauvre dans un village de la province d’Ash-Sharqiyah au nord est de l’Egypte, le Rossignol brun marquera profondément la musique arabe de sa belle voix désenchantée à partir de la moitié des années 1940. L’élégant Abdel Halim Hafez est une star de la chanson et du cinéma, mais aussi une icône de la modernité à une époque où le Caire rayonne comme capitale des arts et où le colonel Nasser construit la nation égyptienne. Fervent patriote, Abdel Halim Hafez chantera de nombreux morceaux à la gloire de son pays et de son dirigeant (dont il est l’ami), mais ce sont ses chants amoureux qui le rendront internationalement célèbre. Il se produira sur les plus grandes scènes comme celle de l’Olympia en 1974.
Le chanteur possède l’aura mystérieuse et la voix des crooners américains des années 1950. Ce n’est pas pour rien que les critiques occidentaux le comparent à Frank Sinatra… Malheureux en amour, il chante celui-ci comme une longue plainte accompagnée d’un orchestre dans lequel figureront parfois guitare électrique et synthétiseur. Car Abdel Halim Hafez n’a pas peur de jouer avec les traditions orientales et de les enrichir avec ce qui fait bruisser son temps pour atteindre le « tarab », cet état d’extase que procure la musique.
Figure extrêmement populaire, adulé des Egyptiens, il n’enregistre que rarement en studio, préférant la scène pour déployer ses morceaux sur des dizaines de minutes. Les captations de ses concerts engrangent des milliers de vues sur Youtube encore aujourd’hui. Abdel Halim Hafez meurt en 1977 emporté par une maladie qu’il contracta enfant. Ses funérailles sont nationales comme celles de Nasser et d’Oum Kalthoum. Une foule de plus de deux millions de personnes y assiste et la presse rapporte même des suicides de jeunes filles inconsolables. Le mythe du Rossignol brun n’est pas prêt de s’éteindre.