Morceau
Le titre « Adagio for strings » est une bizarrerie dans l’histoire de la musique. Classiquement, un adagio n’est jamais composé seul. Il est toujours rattaché à d’autres mouvements, comme ceux d’une symphonie par exemple.
Ce n’est pas le cas de ce morceau unique en son genre et cela s’explique par son histoire.
« Adagio for strings » faisait partie, à l’origine, d’un quatuor composé par Samuel Barber en 1936. Le compositeur américain décide d’isoler le mouvement pour le transcrire pour orchestre à cordes. C’est ainsi qu’il fut créé avec succès, en 1938, pour la première fois par le chef d’orchestre Arturo Toscanini.
Le style de cet adagio est également étrange. Il aurait pu être composé 50 ans plus tôt. L’écriture se rapproche de celle du romantisme et paraît à contrecourant de son époque. En effet, les théoriciens et compositeurs allemands romantiques de la fin du XIXème siècle cherchaient à troubler totalement les émotions de l’auditeur. C’est à ce moment que les compositeurs commençaient à vouloir faire pleurer le public. A tel point, que la musique était vue comme de la magie. Les Allemands de l’époque romantique appelaient cela de la Zauberei : de la sorcellerie.
Retournons à l’ « Adagio for strings ». C’est bien l’émotion que Samuel Barber recherche à travers les lignes sinueuses, les harmonies tendues, les valeurs longues, les frottements harmoniques. Cette écriture peut rappeler les prières des moines médiévaux. Sur la partition de l’adagio est présente la valeur rythmique nommée la « carrée », la valeur la plus longue de la notation de la musique. Cette valeur rythmique était régulièrement utilisée au Moyen-Âge où le chant liturgique avait pour seul but d’élever son être pour chanter avec les anges afin de glorifier Dieu. Barber avait cet aspect spirituel bien en tête quand il composa son adagio car il a transposé une seconde fois cette partition pour 8 voix, en 1967, avec les paroles du chant de l’« Agnus Dei ».
Massivement interprétée dans les orchestres, « Adagio for strings » est entré dans la culture populaire grâce au cinéma. En effet, le morceau figure sur de nombreuses bandes-originales de films comme par exemple Platoon, le chef-d’œuvre d’Oliver Stone sorti en 1986.
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