Morceau
À la fin des années 60, le célèbre « American Way Of Life », le modèle de réussite à l’américaine, a du plomb dans l’aile. Le pays des libertés s’enfonce dans une guerre infernale au Vietnam, le racisme d’État est encore bien enraciné, la jeunesse s’insurge et rejette en bloc les valeurs de ses ainés. C’est dans ce contexte brûlant que sort le premier album, éponyme, des Doors en janvier 1967. Une œuvre rock et poétique hors du commun dont est extrait « Alabama Song ».
Ce morceau baroque est une reprise d’un chant de l’acte 1 de Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny (Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny), opéra en trois actes écrit par le dramaturge allemand Bertolt Brecht et composé par Kurt Weill, créé en 1930 au Neues Theater de Leipzig en Allemagne. Mahagonny est une ville américaine imaginaire où la recherche éperdue du plaisir, de l’alcool, de l’argent, du sexe, du jeu et de la drogue en fait le théâtre d’une véritable tragédie. Brecht et Weill y dénoncent avec force les dérives d’une société avide et destructrice, le capitalisme.
« Alabama Song », dont les paroles ont été écrites directement en anglais par la poétesse-complice de Brecht, Elisabeth Hauptmann, est le morceau de bravoure de « Mahagonny ». Elle exprime la complainte d’une bande de prostituées qui erre dans le désert désespérant de trouver un endroit où l’alcool ne serait pas prohibé. Pas étonnant que Jim Morrison, passionné de poésie et de littérature décide d’adapter le chant pour dire les tourments d’un homme résolu à casser les codes de la morale puritaine et aspiré par l’alcool.
Dans « Alabama Song », The Doors déploie une mélodie grinçante, presque grotesque. Ici le plaisir devient torture, la quête devient malédiction. Morrison, déjà marqué par son goût prononcé pour la défonce, chante, provocateur, le revers peu reluisant et inquiétant des Etats-Unis.
Hommage rock aux lettres de Brecht, « Alabama Song » sera repris par d’autres icônes sulfureuses comme David Bowie en 2002. Cet opéra et ce morceau connurent de nombreuses et fameuses reprises en Europe, notamment en France par la chanteuse Pia Colombo.
Well show me the way To the next whisky bar Oh don't ask why Oh don't ask why Show me the way To the next whisky bar Oh don't ask why Oh don't ask why For if we don't find The next…
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