Amazigh Kateb

Amazigh Kateb, fils de l’écrivain algérien Kateb Yacine et fondateur en 1992 du groupe grenoblois Gnawa Diffusion, entend offrir par sa musique des moyens de résistance à l’aliénation et au déracinement. Il s’attache en effet à donner en partage des héritages et des identités multiples, tout en célébrant la force libératrice et fédératrice qui en émane, et les liens qui peuvent se tisser entre eux.
Il travaille ainsi à la réconciliation des Afriques à travers la tradition gnawa, sorte de gospel afro-maghrébin chanté à la fois en arabe, en berbère et en langues sub-sahariennes telles que le bambara, le haoussa, le peul, le yuruba…, en fonction des régions originelles des répertoires concernés. Musique née dans l’esclavage pour s’y opposer symboliquement et philosophiquement, elle est pour lui une sorte d’aïkido culturel, mêlant des sonorités, des langues et des mystiques différentes et parfois opposées, mais qui se rejoignent dans l’aspiration commune à la liberté. Selon Amazigh Kateb, à travers la culture gnawa, l’esclave reprend un peu du pouvoir qui lui a été subtilisé. Il se hisse au rang de chef de cérémonie ; il devient une sorte de médiateur entre le maitre et le monde des esprits.
Hormis les projets d’albums, avec Gnawa Diffusion et en solo, auxquels il travaille actuellement, Amazigh Kateb se consacre également à l’habillage musical et poétique d’un documentaire traitant du parcours littéraire et militant de son père.
Entre célébration des traditions et refus des conservatismes : c’est cette défense d’un héritage universel de lutte et de refus des aliénations qui fait la cohérence de son parcours.