Ann O'aro

Née Anne-Gaëlle Hoarau à La Réunion en 1990, la chanteuse, musicienne et poétesse réunionnaise Ann O’aro est une figure du maloya contemporain. Dans ses albums « Ann O’aro » (2018) et « Longoz » (2020), celle qui a pour habitude de rédiger des fonnkèrs* extériorise ses blessures. Abusée par son père lorsqu’elle était enfant, elle raconte crument ces épisodes traumatiques : « Je vois l’enfant que tu incestues dans le voile cataracte de tes yeux flous. J’entends le chien, le loup, qui hurlent en toi (…). Au fond de moi je bous, je griffe, j’éructe. J’avale toute la misère sur fond de culotte. » (traduction des paroles de « Kap Kap »).
Dans un chant à la fois puissant et sur le fil, elle aborde également des sujets moins intimes mais tout aussi lancinants, comme l’alcoolisme, le suicide et les frontières, de façon à faire passer des messages universels. Dans cette optique, Ann O’aro s’accompagne des percussions traditionnelles du maloya (kayamb, roulèr, bobre…) ainsi que de divers soufflants (flûte et trompette dans le premier album, trombone dans le deuxième). Ses instrumentales puisent dans des répertoires variés, comme la valse dans « Dann Foulkan », ou la musique traditionnelle des Balkans dans « Pik Drwat ».
Le puissance des choeurs dans certains de ses morceaux n’est pas loin de provoquer l’effet de transe recherché par le maloya, que l’oeuvre de Ann O’aro présente comme un genre musical à la fois ancestral et actuel, ouvert sur le monde.

En créole réunionnais, le terme fonnkèr provient de l’expression française « fond du coeur ». Il désigne des poèmes en créole destinés à extérioriser un état d’âme, des émotions fortes.