Assassin

Formé en 1985 par Rockin’ Squat et Solo en 1985, Assassin est le premier groupe de rap à donner un concert à l’Olympia en 1993. Doctor L et DJ Clyde viennent grossir ses rangs quelques années plus tard. Avec NTM et IAM, ce collectif fait partie des trois crews précurseurs du hip hop français, mais Assassin a pris une autre direction qui l’écartera de la reconnaissance du grand public. Ses disques sont auto-produits et paraissent avec le label Assassin Productions, le groupe refusant de signer avec une maison de disques qui contrôlerait et censurerait ses paroles.

Assassin Productions est donc le premier label indépendant du rap français, permettant au groupe de dénoncer en toute intégrité les logiques commerciales de l’industrie du disque avec le rap. Par des textes dits “conscients”, délivrant un message politique et social, Rockin’ Squat et son crew vont chercher l’émancipation des masses par la connaissance, la réflexion et le partage. Leurs textes percutants et sans détours, vite catalogués de hardcore notamment pour leur dénonciation du système commercial, leur vaudront le refus des grandes antennes de diffusion. Assassin n’est pas un bon client pour la télé et ça se sait vite.

Le groupe se cache, met en avant son logo plutôt que les visages de ses membres et se concentre sur ses disques. Des morceaux comme “Formule secrète” enregistré en 1989 pour l’incontournable compil Rapattitude ou “l’État assassine” qui dénonce les violences policières et figure dans la bande originale du film La Haine en 1995 font date.

Clairvoyant et visionnaire dans les années 80 et 90, le groupe perd de peu à peu de sa pertinence, rendu inaudible et invisible par la montée en puissance du rap business. Il refait surface ponctuellement, suivi par une communauté de fans fidèles. Le prix de l’intransigeance.