Artiste
Mar del Plata, Argentine
Si l’on doit citer l’un des plus grands musiciens de tango du XXème siècle, le nom d’Astor Piazzolla, disparu en 1992, nous vient vient à l’esprit. Compositeur, bandonéoniste de talent, ce fils d’immigrés italiens né près de Buenos Aires en 1921 grandit d’abord à New York. Son père féru de tango et nostalgique du pays, lui offre un bandonéon. Le jeune garçon, malgré un talent indéniable pour cet instrument typique du tango argentin, se rêve plutôt jazzman, lui qui découvre le Cotton Club, Duke Ellington mais aussi la musique classique. Ce n’est qu’à son retour en Argentine en 1938, qu’il embrasse une carrière de bandéoniste professionnel. Mais son jeu et ses idées iconoclastes déplaisent aux puristes. En 1946, frustré, il se décide à créer son propre ensemble, l’Orquesta Típica, après quelques années passées au sein de l’orchestre du fameux « tanguero » classique Anìbal Troilo. En effet, Astor Piazzolla détonne et ose l’impensable : ajouter des influences américaines et européennes au tango, ADN du peuple argentin. Un sacrilège pour de nombreux musiciens, mélomanes et surtout pour Perón qui veut faire du tango un symbole nationaliste !
Après une expérience parisienne auprès de Nadia Boulanger en 1954, le bandéoniste rentre en Argentine assuré de ses compositions. Il fait équipe avec les meilleurs musiciens, en y ajoutant des cordes classiques, mais aussi d’autres instruments absents du tango traditionnel, comme le saxophone et la guitare électrique ; c’est ainsi qu’il créé le « tango nuevo ». Son orchestre, l’Octeto Buenos Aires, et qu’il apporte un vrai souffle de modernité et renouvelle le genre. Mais Piazzolla déclenche un cataclysme polémique : émeutes et pugilats émaillent ses concerts, les puristes lui reprochant de ne pas faire du vrai tango. L’orchestre finit par être dissous. Il monte ensuite plusieurs ensembles et créé de nombreuses pièces, comme « Balada para un loco » ou « Chiquilín de Bachín ». Piazzolla s’amuse encore à fusionner le tango avec son premier amour, le jazz. En 1974, il connaît finalement la consécration à l’international avec « Libertango », qui scelle le succès du « nouveau tango », malgré des détracteurs toujours bruyants. À la fin de sa vie, il touche à la musique contemporaine, et s’épanouit dans son propre répertoire en soliste classique.
C’est Piazzolla qui a ouvert la voie au Neotango du XXIème siècle. Plus largement, il nous pousse à nous questionner la tension entre tradition et modernité, et les résistances à l’évolution qu’elle peut susciter. D’une rive et l’autre, Piazzolla le révolutionnaire aura su déchaîner les passions.
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