Morceau
Milieu des années 1960 à Rio, Brésil. Baden Powell, guitariste métis de talent et Vinìcius de Moraes, Blanc à l’écriture acérée, collaborent. Un symbole fort dans un pays encore traversé par de très fortes tensions raciales à l’époque tout comme aujourd’hui. Powell parle de son acolyte comme du « Blanc le plus noir du Brésil ». Vinìcius de Moraes, poète, privilégié tout droit sorti des quartiers chics, et Powell, issu d’une famille démunie, produisent ensemble plusieurs titres, dont l’un des plus beaux standards de la musique brésilienne : « Berimbau ». Le résultat de cette union : un morceau porté par la guitare, les rimes, teinté par les racines africaines de Powell. Aussi, des paroles en portugais brésilien, empreintes de tristesse, chantées sur un rythme enjoué, non sans rappeler le caractère plaintif du genre musical portugais, le fado.
Le morceau fut un tel succès, qu’il sera repris et adapté par Nougaro dans sa chanson « Bidonville », qui donne à voir, loin d’une utopie fantasmée, un Brésil pauvre et ravagé. Une adaptation différente dans les paroles, qui, sans être misérabiliste, sonne comme une ode à la fraternité, à laquelle on continue de croire, envers et contre tout. Finalement, une portée pas si éloignée de la symbolique de la version originale.
Encore une preuve, nécessaire en ces temps troublés, que la musique n’a de frontière que celle des cœurs.
Par Aleksien Méry
Crédits photo vignette : Baden Powell Vinicius de Moraes – Os Afro Sambas
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