Bessie Smith

Née en 1894 dans le Tennessee au Sud des Etats-Unis, Elizabeth « Bessie » Smith est la première femme noire superstar de la musique. Issue d’un milieu frappé par la violence, la misère et le racisme, cette magnifique chanteuse à la voix chaleureuse et expressive et à la personnalité attachante a su marquer le blues de sa patte.
Celle qui sera surnommée « L’Impératrice du blues » a fait ses débuts à 18 ans, sur la route, comme la blueswoman « Ma » Rainey qu’elle admire tant. Alors toute jeune femme, Bessie Smith se produit dans les « minstrel shows », théâtres itinérants caricaturant la vie des anciens esclaves joués par des artistes noirs autant que blancs sur fond de racisme. C’est de là que vient personnage Jim Crow et le grimage en « blackface ». « Downhearted Blues », son premier titre signé avec la grande maison de disques Columbia en 1923, lance sa carrière nationale. Bessie Smith enregistrera plus d’une centaine de chansons !
Artiste à l’aura lumineuse, oiseau de nuit bisexuelle aux prises avec l’alcool et les drogues, elle devient l’égérie du blues des années 1920 et 1930 qu’elle chante avec justesse, rage et déchirement. Bessie Smith s’entoure de futurs grands noms du jazz et du blues, comme Louis Armstrong, pour dire les maux à l’époque de la Grande Dépression, la débauche à l’heure de la Prohibition et la dure vie des Afro-Américains dans le pays de ségrégation raciale. Elle n’hésite pas à rire de ses propres tourments comme l’illustre le film « St Louis Blues » réalisé en 1929 où elle se met en scène, accoudée au comptoir d’un bar une bière à la main.
Bessie Smith connaîtra une fin tragique en 1937. Victime d’un accident de voiture, on lui refuse l’accès à un hôpital réservé aux Blancs. Mal soignée, elle meurt le bras amputé, mais son blues mélodique, sa voix et son tempérament légendaire lui survivront. De nombreuses générations d’artistes féminines du jazz et du blues, de Billie Holiday à Janis Joplin, trouvent en Bessie Smith une source inépuisable d’inspiration.