Morceau
Comme Genezio le dit si bien dans ce morceau, “ t’inquiètes pas, pour nous, c’est là-haut “. Il s’adonne avec “ Big Boss “ à une pratique célèbre du rap : l’egotrip.
Kezako ? du latin “ ego “ (moi) et de l’anglais “ trip “ (voyage), l’egotrip est un exercice de style intrinsèquement lié au rap. Ce procédé codifié est fréquemment utilisé par les artistes qui usent de leur plume pour se (la) raconter. Mais du récit de soi à l’egotrip, le pas est facilement franchi. Si le rap est aujourd’hui incontestablement une musique populaire et partagée par toutes les couches sociales, il a dû attirer l’attention à soi pour s’imposer. Quel meilleur exercice que l’egotrip pour se célébrer soi-même, son art et son public ?
Avec “ Big Boss “, Genezio l’a bien compris. Dans un milieu ultra-concurrentiel comme celui du rap, l’egotrip sert également à sortir son épingle du jeu, montrer à tous que l’on est le numéro 1, que le champion c’est nous. Ce n’est pas pour rien que la métaphore du sportif, et surtout du boxeur seul sur le ring, est très présente dans le rap et dans ce morceau en particulier : “ D’après tes meilleurs rappeurs, j’suis un génie / J’me sens obligé d’les frapper et crochet “.
Le jeune rappeur ne se ménage pas pour montrer à tous ses auditeurs et potentiels concurrents que le meilleur c’est lui : “ Et sur moi, ils ont douté, / T’es choqué, des Cigales complets, / Ils ont pas la mental’, ils aiment pas le bon-char. “.
Enfin, l’egotrip n’est pas étranger d’une volonté de revanche sur la vie dans l’autofiction racontée par les artistes. Ce genre littéraire mélange un récit autobiographique avec des éléments fictionnels. Il est fréquemment utilisé dans le rap. Les rappeurs, souvent porte-paroles d’une jeunesse ayant grandi dans les milieux populaires, usent de l’egotrip comme figure du style marquant leur ascension sociale. Genezio ne fait pas exception à la règle lorsqu’il nous dit “ Vivre comme un big boss / J’en rêve depuis petit, petit (…) J’ai trop vu maman se casser le dos / Faut des millions pour l’atterrissage “. Dans le même temps, à l’image d’une société contemporaine marquée par les inégalités sociales et économiques, cet usage de l’egotrip dépasse la simple mégalomanie. L’ambition des artistes de s’extirper de la pauvreté, et mettre “ la daronne à l’abri “, ne relève plus de la figure de style.
Si l’egotrip est maîtrisé, Genezio n’en oublie pas sa marque bounce avec un jeu de questions-réponses qui traverse le morceau et une rythmique caractéristique. Tout juste assez pour celui qui s’auto-proclame “ le dernier maître de la Bounce “.
I am the big boss (bounce) Tout pour ce liquide liquide(ah) Vivre comme un big boss (oh, oh) J'en rêve depuis petit, petit (wah) Chaque jour on rentabilise (wah) Chaque jour on rentabilise…
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