Style
Forme musicale apparue dans le Sud des Etats-Unis à la fin du 19e siècle, elle exprime la détresse des esclaves noirs asservis dans d’immenses propriétés agricoles. Arrachés nus à leur terre natale, ils n’ont que leur conscience, leurs souvenirs et leurs langages. La musique qu’ils se mettent à créer, d’essence principalement rythmique, est bricolée sur des instruments de fortune rappelant ceux laissés en Afrique mais ils s’approprient aussi ceux utilisés par les colons blancs.
Le blues chante peines et espoirs, détourne le sens commun des mots, invente un argot souvent cru et met à jour une sexualité interdite par le puritanisme des maîtres Wasp (white-anglo-saxon-protestant). Mélopée répétitive construite sur des boucles de 12 mesures dont l’agencement singularise les morceaux, le blues déborde des campagnes et entre en ville quand l’abolition de l’esclavage « libère » les esclaves. La Nouvelle-Orléans, ancienne possession française, dont les garnisons résonnaient de fanfares cuivrées, sera l’incroyable creuset où le blues et les musiques européennes donneront naissance au jazz et à bien d’autres musiques que nous rassemblons sous le nom de « musiques afro-américaines ».
À côté du blues rural qui essaime dans le delta du Mississipi en s’emparant du banjo et de la guitare, apparaît le blues urbain, plus rude et joué en orchestre. À la faveur de l’explosion industrielle qui transforme les villes du Nord des Etats-Unis, les noirs remontent le Mississipi. Tel un sédiment, le blues se dépose tout du long. Cette dissémination puis l’apparition de l’électricité et son application aux instruments, feront éclore de nombreuses écoles à l’infinie variété de styles, dont rendent compte les premiers enregistrements de blues dès les années vingt. On dit que le premier enregistrement est celui d’une femme, Mamie Smith. Le blues rural, au sud, est peuplé de noms fameux : Robert Johnson (qui, tel Faust, pactisa avec le diable, au croisement de la route, le crossroad, lui laissant son âme en échange de sa maîtrise de la guitare), Son House, Mississipi John Hurt … Après guerre, au nord, c’est l’époque de John Lee Hooker, Muddy Waters, Howlin’ Wolf, BB King, etc…
Adopté par les jeunes musiciens de rock, le blues connaît une nouvelle jeunesse dans les années 1960, non démentie depuis, avec les groupes anglais (The Rolling Stones, Animals etc.) et américains (Canned Heat, Johnny Winter Group…) et des personnalités aussi brillantes que Jimi Hendrix, Eric Clapton, Janis Joplin, Ben Harper ou Moby…
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