Boucherie Productions

« De toute façon, en tant que groupe, on n’avait pas envie de signer chez une major. En même temps, le milieu alternatif était trop fermé. On refusait à la fois le système capitaliste du disque et ce milieu complètement sectaire. Boucherie est issue de ces deux démarches, musicale et sociale. »

Questionné en 1998 par le journal suisse le Temps, François Hadji-Lazaro résumait ainsi avec justesse l’optique non misérabiliste et non Big Business de Boucherie Productions, label qu’il avait fondé en 1985 au moment des premiers enregistrements des Garçons Bouchers. Plus loin dans la même interview il rajoutait aussi : « Boucherie fut l’un des rares labels indépendants ouverts à plusieurs styles de musique. »
Et c’est vrai ! Quand on se plonge dans le catalogue du label qui a déposé son bilan en 2001, on trouve à peu près tous les genres musicaux qui firent la bande son des années 90 : rock avec la Mano Negra (leur premier album…) ou les Roadrunners, chanson avec Clarika, Pigalle ou Paris Combo, punk avec Les Garçons Bouchers ou BB Doc, mais aussi des artistes étrangers ou des groupes de métal… soit environ quatre cent sorties sur la totalité qui furent médiatisées grâce à la démerde des animateurs du label qui créèrent par exemple leur propre journal « l’Echos des Côtelettes » ; organisèrent longtemps avant l’arrivée des plateformes de streaming un service d’écoute de chansons par téléphone et travaillèrent énormément avec les médias indépendants qui fourmillaient alors dans tout le pays, radios libres ou fanzines… Un dynamisme forcené qui n’occulta pas non plus les gros médias puisque certains artistes signés chez Boucherie Productions passèrent dans des émissions populaires de Jacques Martin ou de Thierry Ardisson.
Pendant près de quinze ans, François Hadji-Lazaro et les siens (Boucherie Productions aura compté jusqu’à sept salariés) auront transformé la manière de faire et de diffuser la musique dans notre pays ; en allant toujours de l’avant, et en cherchant continuellement de nouvelles idées : une structure de production de concerts fut ainsi montée sous l’égide de Boucherie ainsi qu’un secteur éditorial appelé « Charcuterie éditions » !…