Morceau
« Calaveritas » est le premier titre publié par Ana Tijoux sur non propre label, Mizuko Records. Celle que l’on connaît principalement pour son rap acéré et ses textes engagés fait pour l’occasion un détour vers de nouvelles esthétiques. Sur ce titre, elle est accompagnée par Celso Piña (1953-2019), un chanteur, compositeur et accordéoniste, figure centrale de la cumbia mexicaine.
« Calaveritas » est une balade en mémoire aux défunts que chacun et chacune porte en soi. Elle est un subtil équilibre entre peine et joie, reposant sur un jeu de sonorités et des paroles poétiques. Le morceau unit des éléments de boléro et de valse péruvienne, au travers d’une guitare, d’un trio de cuivres et d’un cajon péruvien. Les voix d’Ana Tijoux et de Celso Piña se mêlent sur des paroles touchantes, rendant hommage aux personnes perdues. Ils chantent le manque de ces défunts, qui ne nous quittent vraiment jamais. Cependant, le morceau ne se veut pas être que tristesse. Il reprend en ce sens les croyances mexicaines autour de la fête des morts (día de los muertos). Le titre de la chanson s’y réfère explicitement. Calaveritas. Ce sont ces petites têtes de mort en sucre qui représentent les défunts le 31 octobre au Mexique et qui se déclinent en masques et maquillages. Ainsi, les défunts se pleurent autant qu’ils se célèbrent. La musique est une invitation à danser, à valser, sous les sonorités réconfortantes des cuivres et au rythme du cajon.
« Calaveritas » rejoint la bande originale du documentaire La victoire de Pierre qui aborde le travail humanitaire du prêtre Pierre Dubois pendant la dictature militaire de Pinochet au Chili. Pierre Dubois a notamment exercé dans le bidonville La Victoria, foyer de résistance au régime. A la fin du morceau, sa voix résonne : « No es suficiente afirmar que la justicia tarda pero llega. La justicia que no se ejerce cuando corresponde, ya es injusta. » / « Il n’est pas suffisant de dire que la justice arrive tard, mais qu’elle arrive. La justice qui n’a pas lieu en temps donné est déjà injuste ». Sous ses airs de balade, Ana Tijoux donne à « Calaveritas » un sous-texte politique. Lorsqu’elle joue le morceau en concert, elle fait référence aux personnes décédées et disparues lors de la dictature et leur rend hommage en versant un verre de vin sur scène.
Todos llevamos dentro un muerto que acompaña que aparece cuando la noche llega y el sol se apaga / Nous portons tous en nous un mort qui nous accompagne, et qui apparait quand la nuit tombe et que le soleil s’éteintExtrait de « Calaveritas »
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