Camarón de la Isla

Artiste

1950 - 1992

San Fernando, Espagne

Camarón de la Isla, une crevette qui avait tout d’un mastodonte

Un everest du flamenco parti trop tôt, Camarón de la Isla, l’Andalou qui révolutionna le flamenco aux côtés de l’indétrônable Paco de Lucia et du virtuose Tomatito. Né dans une famille gitane, ses deux parents chantent comme on respire et ce n’est pas un hasard si José Monge Cruz épouse cette même tradition familiale. Sa carrière musicale commence à 16 ans, sur les conseils de Manolo Caracol, grand cantaor* de l’époque. Un garçon tout frêle à la chevelure blonde se présente au concours de chant du festival de Montilla… Petit et menu comme une crevette, cela lui a valu le surnom cocasse et affectueux de « Camarón de la isla » (petite crevette de l’île) qui émeut par sa voix puissante, son sens théâtral, d’aucun pourrait dire excessif. En réalité, le jeune gitan blond sait exactement ce qu’il fait : il ensorcelle son public qui ne peut que le suivre dans ses bulerías* et autres tangos dont il détient le secret.

Au cœur de la cité royale, deux musiciens de génie se rencontrent et se reconnaissent : Paco de Lucia et Camarón de la Isla forment un duo imparable qui réinvente le flamenco. Ensemble, ils enregistrent huit albums entre 1968 et 1977 et composent des classiques tels que « Como el agua » que l’on reconnaît, un sourire en coin, aux premiers accords. Mais c’est son album en solo La leyenda del tiempo (la légende du temps) qui marquera les esprits et fera de ce cantaor enflammé une figure incontournable de l’histoire de la musique. Qui d’autre que Camarón pourrait se vanter d’avoir réussi à allier flamenco, textes de Federico Garcia Lorca et basse électrique ? Son album n’a pas fait l’unanimité en 1979 ; il est jugé trop ambitieux, pas suffisamment flamenco. Mais le temps a permis de saluer le génie de l’artiste, son timbre qui accompagne si bien la guitare de Tomatito et qui prouve que flamenquistes et rockeurs ont bien des choses à s’apprendre !

Sa mort en 1992 à seulement 41 ans, a fait de ce sorcier du flamenco d’une grande humilité une véritable icône à San Fernando. Des magnets et autres goodies sont vendus aux quatre coins des ruelles andalouses, rappelant que Camarón est passé par là ; comme s’il veillait sur ses habitants d’un œil bienveillant, les mains frappant encore au rythme d’un tango endiablé.

* Cantaor :

Terme espagnol qui désigne un chanteur de flamenco.

* Bulería :

Terme espagnol qui désigne un genre particulier du flamenco apparu à la fin du XIXe siècle, l’un des « palos » de danse et de guitare les plus complexes car le rythme et très rapide (et souvent festif !).

Le chanteur est comme le torero, disait-il. Lui seul sait ce qu'il sent.Camarón de la Isla, propos recueillis par André Gauthier. Source : Encyclopedia Universalis
Par Marina Angelini. Crédits photo vignette : pochette de l'album Rosamaria 1976

Playlist

« Soy gitano » par Camarón de la isla, 1989

5:40

« La leyenda del tiempo (Jaleos) » par Camarón de la Isla, 1979

3:40

« Volando voy (Rumba) » par Camaron de la Isla, 1979

3:23

« Bulerias » par Paco de Lucia, Camarón de la Isla, 1983

5:03

"Como el Agua" par Camarón de la Isla, 1981

3:43

« Como el agua » Camarón de la Isla et Paco de Lucía, 1981

3:42

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