Chanson pour l'Auvergnat

Oeuvre incontournable du répertoire de Georges Brassens, la «Chanson pour l’Auvergnat» a pourtant été composée en seulement trois heures. Écrite en 1954 cette chanson est le deuxième titre du troisième album de Brassens, Les Sabots d’Hélène. Tout le génie de Brassens se retrouve dans cette chanson faussement simple, tant au niveau du choix de paroles qu’au niveau de la composition musicale. La mélodie est écrite sur la base d’un rythme ternaire - à trois temps - qui évoque subtilement les battements du coeur (des personnages de la chanson). La “Chanson pour l’Auvergnat” est une valse, genre musical à la base de la culture populaire, jouée lors des fêtes populaires.
Accompagné de sa guitare seule, Georges Brassens scande la chanson avec le chanté-parlé qui l’a rendu célèbre. Le choix du mode mineur, du registre grave, et d’un tempo allant et posé, permet de souligner une souffrance qui accentue le sens des paroles. La mélodie est facilement accrocheuse et intemporelle. Les paroles sont répétitives, seul l’objet du don et du donneur changent.

Georges Brassens s’est imposé comme le “maître des mots” en France. Il partage dans ses chansons des moments de sa vie, des observations sur le monde et sur la société. La « Chanson pour l’Auvergnat » ne fait pas exception, cette chanson engagée s’entend comme une fable moderne.
Écrite et enregistrée quelques mois après « l’insurrection de la bonté », un appel passé par l’Abbé Pierre pendant l’hiver 1954 pour aider les sans-abris, cette oeuvre fait l’éloge de la charité et de la fraternité. Elle questionne sur l’égoïsme, et l’indifférence à travers le regard d’un marginal rejeté de tous.
Seuls les « vrais bons » lui viennent en aide en partageant le peu qu’ils possèdent – du feu, du pain, un sourire – contrairement aux « croquantes et aux croquants », ces faux généreux qui lui ont fermé la porte au nez.
Les personnages de la chanson sont inspirés de personnes réelles que l’artiste a côtoyées. L’Auvergnat fait référence à Marcel Planche, et l’hôtesse à Jeanne Le Bonnie. Ce couple a recueilli Brassens à son retour du STO (Service du Travail Obligatoire) après la Seconde Guerre mondiale et lui a offert le gîte et le couvert (le feu et le pain).
Il reste cependant un mystère, l’identité de « l’étranger »… Pour certains, il s’agirait du père du chanteur. Selon Brassens lui-même, un jour son père avait dû aller le chercher au commissariat, mais ne l’avait ni injurié ni houspillé, il lui avait seulement demandé comment il allait (le fameux sourire).
Quant à G.Brassens, sûrement le « marginal » de la chanson, on peut s’interroger sur sa position et son rôle, se positionne-t-il comme accusateur, fédérateur, racoleur pour sa cause, ou simple observateur ?
Les chansons de Georges Brassens ont inspiré plus d’un artiste et La «Chanson pour l’Auvergnat» a fait l’objet de très nombreuses reprises.