Style
L’univers musical de ces îlots de lave et de sel, battus par les vents alizés, est un troublant intermédiaire entre ceux des côtes d’Afrique de l’Ouest et du Brésil. Dans la première moitié du XXe siècle, deux poètes musiciens, Eugénio Tavares et B. Leza (Francisco Xavier da Cruz, figure intellectuelle de l’indépendance) définissent les bases sophistiquées des deux styles qui feront la renommée mondiale de l’archipel : la “morna” et la “coladeira”.
La morna indolente, chargée des langueurs du vague à l’âme enflant comme un sanglot au fond de la poitrine, invente une déclinaison tropicale et insulaire de la “saudade” portugaise, qui devient “sodade” en créole capverdien.
La coladeira, vive et sensuelle, s’habille d’humour et de plaisanterie. On la danse à deux, enlacés collé-serré, sur un tempo binaire pimenté d’un léger contretemps. Les mêmes instruments à cordes s’attachent à l’une comme à l’autre : guitare, viola à dix cordes, cavaquinho… Mais la colladeira se distingue par son accompagnement de percussions locales : hochets reco-reco, chocalho ou bongos.
Si elles demeurent les genres les plus prisés des grands interprètes, comme Cesaria Evora, le “funana”, plus africain et plus rustique, a aussi ses adeptes. Cette musique de transe tisonnée par le “ferrinho”, barre métallique râclée par un couteau, et le soufflet de l’accordéon, s’urbanise à Praia dans la seconde moitié des années 70, devenant la musique à danser des jeunes formations comme Finaçon, qui lui donnent les couleurs du bal, sur fond de synthés et de basse électrique. Avec les années 2000, le groupe Ferro Gaita, nouveau “roi du funana”, ramène cette danse au prodigieux mouvement de ses racines sauvages.
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