Morceau
Qui se balade dans les ruelles pavées de Gênes la superbe se retrouvera peut-être fortuitement Via del Campo, telle qu’elle est décrite par Fabrizio de André dans son album Volume 1, sorti en 1967. Ce prince de la chanson italienne nous fait battre le pavé de cette rue qui était auparavant le point de rendez-vous des petites gens. Via del Campo se mêlaient indistinctement contrebandiers, trafiquants, travestis et autres parias de la société. Cette chanson, c’est l’histoire d’une de ces âmes perdues, une prostituée qui donne à ses clients bien plus que son corps. Elle vend ce qu’elle a de plus intime « la stessa rosa », la même rose. Symbolique que le « cantautore » reprendra dans une autre chanson du même album, « Bocca di rosa » (bouche de rose).
Via del Campo, c’est la ballade - voire la valse si l’on écoute attentivement le rythme ternaire- honorant ce coin de rue où misère et paradis se côtoient : non credevi che il paradiso fosse solo li al primo piano. Ces deux mondes, réconciliés le temps d’une chanson, sont incarnés par la guitare et l’harmonica, amalgame parfait entre la solennité de la première et la légèreté du second. Nous devons la mélodie entêtante de cette chanson, non pas à Fabrizio de André mais à Enzo Janacci, chanteur et compositeur italien célèbre et grand ami de ce dernier. Après la mort de De André en 1999, Jannacci interprètera “Via del Campo” à plusieurs reprises, la voix tremblante d’émotion, nous invitant à arpenter Gênes la nocturne à nouveau.
Une chanson qui marque donc, dont les deux dernières lignes restent à jamais gravées dans les mémoires : “des diamants il ne naît rien, du fumier naissent les fleurs”. Avec “Via del Campo”, De André nous rappelle qu’il n’a pas son pareil pour chanter les tapineuses, les catins, les courtisanes. Il a cet art que lui seul maîtrise de leur insuffler dignité, grâce et ré-jouissance… vous avez dit filles de joie ?
Via del Campo c'è una graziosa Gli occhi grandi color di foglia Tutta notte sta sulla soglia Vende a tutti la stessa rosa Via del Campo c'è una bambina Con le labbra color rugiada Gli occhi…
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