Derviches tourneurs

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Qui sont les derviches tourneurs ?

Quiconque a déjà vu un derviche tourneur a sûrement gardé ce jour gravé dans sa mémoire : un homme-toupie vêtu d’une toile blanche qui tourne à l’infini sur lui-même, et une cadence qui s’accélère, s’accélère… C’est un derviche tourneur.
Les derviches sont des hommes de foi musulmans soufis* appartenant à l’ordre Mevlevi dont la pratique allie prière, danse et musique au quotidien. Cet ordre ancien a été fondé à Konya en Turquie au XIIIème siècle. La danse rituelle des derviches tourneurs est inspirée par le grand poète mystique Mevlânâ Celaleddin Rûmi (1207-1273) dont la légende raconte qu’il serait passé un jour devant un bazar où l’on battait de l’or. Pris d’une forte émotion, se laissant porter par le rythme et le son cristallin de l’or battu, Mevlana se serait mis à tournoyer sur lui-même. Par cette danse, il serait entré en communion avec le divin.
Le pouvoir magnétique de la danse des derviches tourneurs est indescriptible et capture le spectateur avec sa transe tournoyante. Lors de ce rituel, que l’on appelle le « Semâ », les derviches, habillés d’une longue tunique blanche et d’une toque cylindrique en poil de chameau, pivotent sur la pointe des premiers orteils du pied gauche en traçant un cercle autour de la piste en plusieurs périodes de dix à trente minutes. Les derviches visent à atteindre la source de toute perfection ou kemal grâce à cette cérémonie. Tout dans leur danse a une symbolique divine ; pour ne citer qu’un exemple, la position des mains n’est pas un simple fruit du hasard. La main droite est levée vers le ciel, elle recueille la grâce divine que le derviche transmet à la terre par la main gauche tournée vers le sol. Les derviches tournent au son du ney (flûte à roseau avec un bec de hautbois) et sur fond de percussions (tambour sur cadre appelé daf), accompagnés de chants religieux. Leurs rotations se font de plus en plus rapides jusqu’à ce qu’ils entrent dans un état de transe. C’est en abandonnant son ego et ses désirs personnels, en écoutant les chants religieux et en imprimant le mouvement du corps dans les cercles répétitifs que les derviches tourneurs espèrent atteindre une forme de communion avec Dieu.
Interdit en 1920 avec la chute de l’Empire ottoman, le « Semâ » fut à nouveau autorisé 25 ans plus tard pour se pratiquer dans de nombreux pays voisins de la Turquie. Le tournoiement du derviche s’invite aujourd’hui dans des salles de concert comme celle du Café de la danse ou de la Philharmonie.

Par Marina Angelini

* Soufisme :

Courant de l’islam prônant la simplicité, le détachement aux biens matériels et la spiritualité. Les soufis croient en un contact libre avec Dieu qui peut passer par l’amour et les arts notamment la danse ou la poésie.

Playlist

Derviches tourneurs au Tekke de Galata, 2012

7:46

Les derviches tourneurs de Damas à la Philharmonie de Paris

4:59

L'ensemble Al-Kindi avec les Derviches Tourneurs de Damas au Café de la Danse (21/10/2013)

12:41

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