Elis Regina

Décédée à 36 ans d’un surdosage d’alcool et de médicaments, Elis Regina a laissé un grand vide au Brésil. Qu’il s’agisse d’une mort délibérée ou non, la disparition prématurée de la chanteuse mezzo-soprano est vécue comme un véritable drame par ses compatriotes et ses camarades musiciens.
Rien ne laissait présager que cette jeune femme, issue du milieu ouvrier de Porto Alegre, deviendrait un jour une star. Elle commence pourtant sa carrière à l’âge de 11 ans, dans une émission de radio pour enfants.

Très vite repérée par une maison de disques, Elis Regina sort un premier album à la croisée du jazz et du pop rock, Viva a Brotolândia, alors qu’elle est encore adolescente. Le ton est léger, mais la voix est loin d’être feutrée. Elle est déjà mature, singulière.

À la vingtaine, Elis Regina s’affirme davantage, notamment lors de sa collaboration avec le chanteur Jair Rodrigues, qui engendre un album de bossa nova à succès : Dois na Bossa. Son interprétation y est puissante, intense et incroyablement juste. Elis Regina vit ce qu’elle chante, aucun mot n’est laissé au hasard. Elle prend la musique très au sérieux et c’est ce qui pourrait expliquer son trac exceptionnel qui ne l’aurait, paraît-il, jamais quitté.

Dès lors, tout le milieu des musiques populaires brésiliennes se l’arrache. Elle multiplie les collaborations avec les plus grands chanteurs et auteurs-compositeurs des années 60 et 70 tels que Gilberto Gil, Caetano Veloso, Chico Buarque… et même Tom Jobim à qui, à cause de désaccords musicaux profonds, elle tient tête et impose - en partie - son style, ce qui donne naissance à l’un des plus beaux albums de l’histoire de la bossa : Elis & Tom.

Bref, celle qu’on a maladroitement surnommé “Petit Piment” au prétexte qu’elle ne se laissait pas faire, a su, en pleine dictature militaire (1964-1985), magnifier un répertoire incroyablement éclectique qui représentent, aujourd’hui encore, la musique populaire brésilienne.