Style
Fusion entre un fond très riche de musiques traditionnelles éthiopiennes et les principes harmoniques du jazz joué avec des instruments occidentaux, l’éthio-jazz est le reflet de la profonde mutation sociale et culturelle des années 1960. Sur la scène africaine, peu avare en inventions musicales (rumba congolaise, pop mandingue, etc.), l’éthio-jazz arbore la même singularité que le pays qui lui donne naissance.
Jamais colonisé, malgré une période d’influence italienne, l’Éthiopie obtient sa souveraineté dès 1944, exception en Afrique. Son creuset musical est des plus inventifs. Dès le début du 20e siècle, la “zenawi musica” rassemblait des cuivres occidentaux avec des instruments traditionnels, avant même l’apparition des premières fanfares officielles modernes. À partir des années 1950, Alemayehu Eshete commence à adapter le chant traditionnel des griots-troubadours de la société amharique, les azmaris. Et c’est dans les années 1960, notamment sous l’influence de Radio Free America qui émet depuis l’Érythrée, que les grandes formations d’Addis-Abeba commencent à s’inspirer de la soul, du jazz et de la pop. Le Wallias Band, l’Ethio Star, le Roha Band, d’autres encore, concoctent une pâte harmonique et rythmique sans équivalent, mélangeant l’échelle pentatonique (à 5 tons) traditionnelle à la gamme dodécaphonique (à 12 tons) du jazz. Pionnier de cette formule, le grand Mulatu Astatké, formé à Londres puis aux Etats-Unis, fait école dans son pays qu’il retrouve en 1969, après dix ans d’expérience sur la scène anglo-saxonne.
Dans la capitale, Addis-Abeba, l’effervescence est alors à son comble. Le chanteur Mahmoud Ahmed impose le style “gouragué” et sa fameuse danse “eskista” du cou et des épaules. Dans le “swinging Addis”, les grands orchestres d’État rivalisent avec les formations privées attachées à des clubs. Mais ce courant va être totalement étouffé à partir du coup d’état de 1974, par près de vingt ans de dictature populaire. On doit la réémergence de cette fabuleuse musique au journaliste et producteur français Francis Falceto. Après le succès rencontré par l’album Ere Mela Mela de Mahmoud Ahmed publié en Europe en 1986, il voue sa vie à la réédition des vedettes de l’éthio-jazz. Sa collection Éthiopiques, sur le label Buda Musique devient la référence dans le monde. Avec près d’une trentaine d’album, elle permet à une nouvelle génération de musiciens de faire revivre cette musique au grove sans pareil dans tous les points du globe.
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