Gorillaz

Il n’est rien de comparable à Gorillaz. Sur scène, la part belle n’est pas faite aux rockstars en chair et en os… Mais à des avatars virtuels. Unique en son genre, le groupe Gorillaz naît de l’imagination de Damon Albarn, le chanteur de Blur, artiste prolifique et accompli, et de Jamie Hewlett, star de la BD anglophone. À la création de Gorillaz en 1998, l’an 2000 n’est plus bien loin et la technologie entre en force dans les foyers ; Internet s’apprête à régner.

Il n’en faut pas plus à Albarn pour imaginer quelque chose de nouveau. Après son épopée britpop avec Blur, il veut, encore, faire bouger les lignes : il va créer un groupe virtuel. De toutes pièces, Albarn invente des personnages et leur histoire détaillée, comme un scénariste : 2D au chant et au piano, Murdoc Niccals à la basse, Noodle à la guitare et Russel Hobbs à la batterie. Derrière ces avatars, visages du groupe dans les clips, les interviews et les concerts, se cachent bien évidemment Albarn lui-même, géant chef d’orchestre de l’illusion, mais aussi des dizaines d’autres musiciens qui prêtent leur talent aux personnages animés. Au son, Gorillaz propose un cross-over indéfinissable, entre rock, britpop, hip-hop, reggae, rap… Un gros son et un propos qui se veut parfois politiquement engagé.

Et le succès est indubitable. Le premier album, Gorillaz, sorti en 2001, porte les titres désormais culte « Clint Eastwood » ou « 19-2000 », et se vend à plus de sept millions d’exemplaires. De même, son successeur Demon Days, multi-récompensé, et son single « Feel Good Inc. ». Créatif, le groupe enchaîne les albums : Plastic Beach (2010), The Fall (2011) Humanz (2017), et The Now Now (2018). Depuis, le groupe sort principalement des singles, pour s’émanciper des diktats de l’industrie musicale.

Le succès de Gorillaz vient sans nul doute du mythe et du mystère l’entourant, de son histoire, son esthétique, son imagerie et sa forme-même. Le groupe, pluridisciplinaire et innovant, a aussi su tenir ses fans en haleine en proposant de nombreuses expériences numériques interactives additionnelles, pour prolonger l’imaginaire autour de ses personnages fictionnels. Mais ce succès prend racine, aussi et surtout, dans l’immense talent musical du productif Damon Albarn.