Style
À partir du XVIIème siècle et jusqu’à son abolition en 1848, l’esclavage marquera profondément les populations de l’île de la Guadeloupe. Déportés d’Afrique, les esclaves des plantations perpétuent leurs traditions musicales ancestrales, malgré les interdictions, les punitions et les représailles. Pour eux, la musique est un moyen d’évasion, de libération mentale et physique. Cette histoire fait écho à celle de nombreuses musiques caribéennes. « Gwoka » désigne en créole les « gros-quarts », tonneaux avec lesquels les esclaves travaillaient et dont ils se servaient pour fabriquer des tambours en cachette.
Ces tambours, appelés « ka », sont au cœur du gwoka et en constituent l’instrument principal. De simples tonneaux, recouverts d’une peau de chèvre tendue par des cordages. Chaque ka, de taille différente, a un rôle distinct. La mélodie est assurée par le tambour makè, le rythme de base et la basse sont l’affaire de l’imposant tambour boula qui se joue assis à califourchon sur l’instrument. En gwoka, il existe sept rythmes, basiques et codifiés, qui retranscrivent chacun une émotion (souffrance, joie, sensualité, combativité, etc). Le ka est souvent accompagné de maracas particuliers, de chanteurs et surtout du public lui-même qui prend part à une subtil jeu de questions-réponses. Des danseurs se joignent à la fête, guidés par le tambour makè, qui improvise, part en solo et colle à leurs pas. Le gwoka est une musique populaire, souvent festive, jouée à l’occasion de carnavals ou lors de rites funéraires où le public est partie prenante du spectacle. De grandes figures du gwoka comme Robert Loyson et François Ladrézeau ont permis au genre de traverser les décennies.
En 2014, le gwoka, jadis méprisé, est inscrit au patrimoine immatériel de France à l’Unesco. En Guadeloupe, la vie et la mort s’écoulent au rythme des tambours…
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