Thème
Jalon important de l’histoire musicale du XXème siècle, la comédie musicale Hair, en est un résumé saisissant. Hair : The American Tribal Love-Rock Musical, de son vrai nom, est née en 1967 à New York avant de devenir l’hymne de ce qu’on appelle le Summer of Love, mouvement musical né à San Francisco, débordant largement sur des considérations sociétales.
C’est une comédie musicale rock de James Rado et Gerome Ragni (livret) et de Galt MacDermott (musique) créée dans une cave de Greenwich Village, à New York, en octobre 1967 puis jouée à Broadway au Public Theater à partir d’avril 1968 pendant quatre ans sans interruption. Le New-York Times en a dit : “C’est enfin la première comédie musicale qui parle d’aujourd’hui”. Hair rompt avec le spectacle traditionnel et révolutionne le genre.
Hair conte l’histoire de Claude Bukowski, jeune fermier très pieux de l’Oklahoma, au sud des Etats-Unis, un Redneck comme on les appelle, qui s’engage pour combattre au Viet Nam. Visitant New York avant de rejoindre son régiment dans le Nevada, il rencontre une bande de hippies farouchement hostiles à la guerre, vivant en communauté et ouverts à toutes les expérimentations à la mode, de la liberté sexuelle aux substances hallucinogènes. Il y croise Sheila dont il tombe amoureux. S’en suivent une série de péripéties au dénouement tragique : Berger, un des hippies se trouve par inadvertance pris dans le bataillon de Claude et part au Viet Nam où il mourra.
Après une première exportation à Londres, la version française est créée à Paris au théâtre de la Porte-Saint-Martin le 30 mai 1969. Particulièrement dénudée, elle fait scandale. Une version filmée de Milos Forman verra le jour en 1979, alors que les idées hippies ne sont plus du tout dans l’air du temps ! Puis Hair est remonté à Broadway en 2009 et à Paris en 2011.
Produit de la contre-culture hippie et de la révolution sexuelle des années 1960, certaines de ses chansons, sont devenues des hymnes des mouvements pacifistes contre la guerre du Viet Nam et de l’affirmation d’une nouvelle façon de vivre.
Les hippies et autres futurs babas cools qui rêvent d’une autre forme de vie sous le soleil doré de la Californie sont l’expression la plus connue des grandes secousses qui traversent alors le monde : de Prague à Mexico, de Londres à Paris, de Tokyo à Chicago, cette période voit grandir dans la jeunesse une forte contestation politique, sociale et culturelle. Remise en cause des liens familiaux et des formes traditionnelles de l’autorité, refus de la guerre, notamment la guerre du Viet Nam, apparition des préoccupations écologiques, droit des femmes et des minorités, liberté sexuelle et affranchissement du corps des vieilles normes puritaines marquées de religiosité, rejet des ségrégations raciales: l’époque est aux bouleversements. Puisque l’on peut échapper aux règles de la gravitation dans la conquête de l’espace, on peut donc se libérer des vieux codes de la morale et des convenances sociales terrestres.
Née des déflagrations sonores du rock, de la soul et des musiques électriques qui sont à la mode dans ces années incandescentes, Hair épouse le format classique, et très apprécié aux États-Unis, de la comédie musicale. Mais le respect de la tradition s’arrête là. Bien sûr, avant Hair il y eût les Porgy & Bess de Gerschwin et West Side Story de Bernstein. Mais le premier est un opéra, le second un film et tous deux sont conçus et composés par des compositeurs parmi les plus fameux de leur temps, largement consacrés par leurs pairs et les institutions. Cela n’empêchât pas que leurs œuvres fissent preuve d’audace lors de leur parution et ne manquassent point de subvertir quelques règles de la société américaine et de sa tradition WASP (White Anglo-Saxon Protestant). Toutefois, Hair est écrit par d’illustres inconnus. Écrit dans la foulée - deux ans après - d’un premier “rock musical”, intitulé Viet Rock, brûlot antimilitariste écrit et composé par deux femmes, Megan Terry et Marianne de Pury, Hair est gorgée de ces fameuses sixties où s’inventent de nouvelles formes musicales et se repoussent les limites de l’imaginaire. C’est un des protagonistes de Viet Rock, Gerome Ragni et un acteur, James Rado, qui feront Hair. Sur le plan scénique, Hair innove: pour la première fois les artistes se mêlent au public d’un théâtre et exécutent un “be-in”, cette nouvelle façon de s’affirmer que les jeunes Américains plébiscitent sur les campus universitaires. Be-in, nous sommes là. Emmêlés. Ensemble.
Hair a fait l’objet de nombreuses interprétations en de nombreuses langues. Les chansons qui composent la comédie ont presque toutes rencontré un immense succès planétaire : il faut reconnaitre qu’elles sont splendides. Elles sont écrites et jouées avec ferveur, à la manière d’un groupe de rock qui s’élance. Elles sont électriques, posées sur des rythmiques binaires et ornées de mélodies bien troussées qui dessinent une sorte de panorama assez fidèle de ce qui fait, alors, le rock ou la pop et se nourrit du meilleur de leurs racines blues et soul. Ainsi, l’immense Nina Simone livrera une version magistrale de “Ain’t got no/I Got Life”, interprétées en miroir de l’autre grand mouvement qui secoue les États-Unis en 1968 : le mouvement pour les droits civiques. Chacun s’y retrouve et ce n’est sans doute pas la moindre des raisons du succès de Hair dès ses premières exécutions.
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