Morceau
22 novembre 1968, les Beatles publient leur neuvième album et le premier sous leur propre label Apple Records : « The Beatles », universellement connu comme l’Album Blanc. Trente chansons originales marquant un tournant musical dans leur carrière. Fini les explorations psychédéliques, le groupe retrouve le chemin du rock’n roll. Salué par la critique et le public, le disque sera la troisième meilleure vente d’albums du groupe, après Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band et Lonely Road.
Pourtant, sur la face A du disque 2, entre « Sexy Sadie » et « Long, Long, Long » un titre détonne. Chant puissant et imprévisible, énergie chaotique, « Helter Skelter » est loin de ce à quoi les Fab Four ont habitué leur public. Alternant riffs boogies dans les refrains et enchaînements dissonants dans les couplets, leur son n’avait jamais été aussi underground.
Le titre a été tellement intense à enregistrer que le groupe est à bout de force à la 18ème prise. On peut d’ailleurs entendre à 4:24 Ringo Starr jeter ses baguettes et hurler de douleur « I’ve got blisters on my fingers » (J’ai des ampoules aux doigts !).
Le morceau contraste à tel point avec le paysage musical de l’époque que les critiques peinent à le catégoriser. Un journaliste du magazine underground IT déclara peu de temps après la sortie de l’album que « Helter Skelter » est « probablement la chanson rock la plus lourde (« heaviest rocker ») aujourd’hui gravée sur plastique ».
« Helter Skelter » est-il le premier morceau de heavy metal, comme beaucoup ont tendance à le croire ? Aerosmith, Diane Heatherington, Siouxsie and the Banshees, Oasis, Rob Zombie… Nombreux sont ceux à reprendre le titre et à le placer comme influence majeure du style. Mais Paul McCartney s’en détache. Dans une interview donnée au magazine britannique NME, il réfute toute parentalité avec le heavy metal, qui en est à ses balbutiements. Le titre ne serait que l’objet d’une rivalité entre Paul McCartney et Pete Townshend des Who. Mais de cette rivalité est née une toute nouvelle forme de musicalité. Certains voient même dans cet album un indicateur prophétique de la multiplicité des trajectoires que les musiques rock allaient prendre dans les années 70.
Malgré les bonnes critiques, « Helter Skelter » ne fait pas l’unanimité auprès du public. Selon un sondage du Village Voice de 1971, le titre est classé quatrième chanson la moins aimée des Beatles. Cette impopularité est sûrement due à son association macabre avec Charles Manson, commanditaire des meurtres de Sharon Tate alors enceinte et de six autres personnes en 1969. Le hippie fou et sa communauté, la Manson Family, voyaient dans l’Album Blanc et plus particulièrement dans « Helter Skelter » un appel à une violente guerre raciale.
Ce à quoi Paul McCartney a répondu : « Charles Manson a interprété « Helter Skelter » comme ayant quelque chose à voir avec les quatre cavaliers de l’apocalypse. Je ne sais toujours pas ce que c’est que tout ça. C’est tiré de la Bible, du Livre de la Révélation. Je ne l’ai pas lu donc je ne sais pas. Il a interprété tout le truc…et il en est venu à tuer tout le monde… C’était effrayant parce qu’on n’écrit pas des chansons pour ces raisons »
Depuis le massacre perpétré par la Manson Family, Paul McCartney s’efforce de redorer l’image de ce titre unique qui fascine toujours autant.
Pete Townshend [The Who] se targuait d'avoir fait le disque le plus sale de tous les temps, alors nous avons essayé de les surpasser.Paul Mc Cartney à propos de « Helter Skelter » et du White Album.
When I get to the bottom I go back to the top of the slide Where I stop and I turn and I go for a ride Till I get to the bottom and I see you again Do you, don’t you want me to love you I’m…
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