Style
Les origines du highlife remontent aux années 1920 dans la colonie anglaise de la Gold Coast, qui deviendra indépendante en 1957 sous le nom de Ghana. Il était joué alors par trois types de formations : les fanfares militaires, les ensembles de guitares et les grands orchestres citadins. Ces derniers, proches des big bands de jazz dans leur constitution, animaient les bals de la haute société coloniale et métisse. L’accès y était payant, réservé aux hommes portant habit et chapeau, les dames rivalisant de toilettes. La “belle vie” — “highlife” — que vivaient ces gens finira par qualifier ce genre musical dans sa globalité.
Les fanfares ont été les premiers ensembles à introduire des éléments locaux dans leurs répertoires. Ceux-ci étaient directement hérités de la musique de cour des Ashanti — grand groupe constitutif des Akan — qui comporte des trompes fabriquées à partir de cornes d’antilopes pour les plus aiguës et de défenses d’éléphants pour les plus graves. Les ensembles utilisant guitare acoustique et petites percussions constituaient le versant populaire du genre. Ils puisaient dans le balancement nonchalant de la “palm wine music”, jouée entre soi dans les petits bars à ciel ouvert par des musiciens souvent amateurs qui sirotaient le vin de palme.
L’arrivée et le séjour de soldats américains et caribéens au Ghana durant la Seconde Guerre mondiale transforma cette musique en forgeant les canons du highlife moderne. Les danses élaborées outre-Atlantique à partir des rythmes transportés d’Afrique avec les convois d’esclaves, et notamment le calypso très en vogue à l’époque dans les sociétés anglophones, se mélangèrent au highlife originel. Le saxophoniste et trompettiste ghanéen E.T. Mensah (1919-1996), devenu chef d’orchestre des Tempos, a contribué de manière décisive à l’évolution du genre en introduisant les percussions afro-américaines dans ses orchestrations. Adoubé par Louis Armstrong lors d’une de ses tournées en Afrique, celui qui fut nommé “Roi du highlife” dès ses premiers enregistrement en 1952 est le principal promoteur du genre au Nigeria.
Dans les années de transition vers l’indépendance du Nigeria, les meilleurs orchestres de Lagos se réapproprièrent son style, plébiscité par les Ibos. L’ajout de percussions locales débouche sur la version nigériane du “Ibo highlife”. Premier style de musique africaine moderne à s’exporter hors du continent, le highlife pénétra le répertoire des combos de musique rurale au Nigeria. Mais la guerre civile du Biafra (1967-70) marquera le début de son déclin. Identifié comme étant la musique des Ibos, sécessionnistes, le highlife sera supplanté, après leur défaite, par les musiques de leurs vainqueurs : “juju music” des Yoruba, “apala” des Haoussa.
4:37
5:39
0
Vous trouvez qu'il manque un média ?
Créez un compte ou connectez vous pour suggérer d'autres médias.
Se connecter