Jolie Nana

À tous ceux qui proclament qu’Aya Nakamura aurait copié “Jeune demoiselle” de Diam’s pour écrire “Jolie Nana”, on répondra qu’il faut savoir lire entre les lignes.
Déjà parce que, musicalement, les deux morceaux ont peu de points communs. Le premier, sorti en 2006, est rappé sur une instrumentale faite d’un sample, au beat typiquement hip-hop, tandis que le deuxième, sorti en 2020, est chanté sur une production pop plus fournie, moins répétitive, à la rythmique afrobeat nette. Chacun appartient à son époque, donc.

Côté paroles en revanche, c’est une autre histoire. Les premiers mots du morceau d’Aya, “Jolie nana recherche joli djo”, renvoient évidemment à ceux de Diam’s : “Jeune demoiselle recherche un mec mortel”. Le clin d’œil est d’autant plus frappant quand la chanteuse affirme : “si t’as les critères […] tu peux déposer ton CV par mail”. On ne peut s’empêcher de penser aux paroles de la pionnière du rap féminin : “Donc si t’as les critères babe laisse-moi ton e-mail”. Coïncidence ? Sûrement pas. Plagiat ? Non plus. Si le sujet de ces morceaux est le même, à savoir la recherche d’un compagnon, le fond est bien différent.

“Jolie Nana” est une réaction à une rupture. La flamboyante Aya Nakamura s’adresse à un énième beau parleur qu’elle n’aura aucun mal à oublier. D’ailleurs, elle est déjà en quête d’un nouvel amoureux. Aussi, quand Diam’s énumère tout au long de son morceau les qualités - imaginaires - de l’homme idéal, Aya Nakamura passe son temps à charrier le “ mytho “ qui l’a baratinée. Tout en reconnaissant qu’elle s’est laissée prendre, elle ne s’avoue pas vaincue. La diva est blasée, certes, mais ne va clairement pas se laisser aller.

Loin de chercher le prince charmant comme son aînée, Aya Nakamura est pragmatique : un “joli djo” suffira. Pour le reste, elle ne comptera que sur elle-même.