Artiste
Shahrud, Iran
La vie et la carrière du chanteur Kourosh Yaghmaei sont intimement liées à l’histoire de son pays. Né en 1946 à Shahrud, ce pionnier du rock iranien aura les ailes coupées par la censure d’État.
Kourosh Yaghmaei grandit à Téhéran entre en musique grâce au santour, une cithare iranienne, qu’il apprend à jouer enfant. Il joue principalement de la musique traditionnelle avant de s’intéresser à la musique occidentale qu’il découvre grâce aux vinyles importés des Etats-Unis et d’Europe. Dans les années 1960, les Beatles, Pink Floyd ou The Ventures vont inspirer toute une génération de jeunes Iraniens et poussent Kourosh à se tourner vers la guitare. Il rejoint The Raptures, un cover band* puis The Rebels avant de se lancer en solo.
En 1973, alors encore étudiant, il sort un premier single qui sera son premier succès. Il s’agit de “Gole Yakh” (“La fleur de glace” en farsi, langue perse), une ballade mélancolique écrite par un ami. Il enregistre dans la foulée un album qui lance une carrière pleine de promesses. Kourosh Yaghmaei passe à la radio, à la télé et continue d’enregistrer des morceaux en faisant fusionner ses influences occidentales avec une musique iranienne plus traditionnelle. En utilisant des instruments électriques pour accompagner des mélodies et des textes poétiques persans, il innove et joue un rôle majeur dans la naissance d’une scène rock et rock psychédélique en Iran.
Le bouillonnement créatif de la jeunesse iranienne est vite muselé par la révolution de 1979 et la mise en place d’une république islamique gouvernée par un ayatollah chiite*. Le nouveau régime instaure rapidement une censure très stricte sur toutes les formes d’expressions artistiques, la musique et surtout la « perverse » musique occidentale et ses instruments électriques en tête. Kourosh Yaghmaei est réduit au silence, interdit de radio, de télé, de concert.
Alors que beaucoup d’artistes quittent le pays, Kourosh refuse de fuir et de s’exiler. Pendant presque 20 ans, il enregistre clandestinement des morceaux qu’il ne peut publier, donne des leçons de guitare au risque de se faire arrêter et joue de la musique folklorique instrumentale. Dans les années 1990, suite à de nouvelles réformes du gouvernement, l’étau de la censure se desserre juste assez pour l’autoriser à sortir à nouveau des albums comme Gorg haye Ghoronsneh et d’aller se produire en Suède et en Norvège.
Internet permettra aux passionnés du monde entier de découvrir l’œuvre de ce merveilleux musicien. En 2011, un label de Los Angeles, Now-Again, publie une compilation de morceaux de rock enregistrés avant la révolution entre 1973 et 1979. L’anthologie, intitulée Back from the Brink : Pre-Revolution Psychedelic Rock from Iran, confirme la place centrale qu’occupe Kourosh Yaghmaei dans l’histoire de la musique iranienne. Il sera invité aux Transmusicales de Rennes la même année mais devra annuler son concert par peur d’un retour impossible en Iran.
Malgré la violence de la censure, le “parrain du rock psychédélique iranien” aux longs cheveux noirs et à la moustache résolument « Frank-Zappaïenne » n’aura pas été effacé des livres d’histoire et sa musique continue de vivre. En témoigne le morceau “Adam And Eve” du rappeur américain Nas, produit par Kanye West en 2018 et qui sample le célèbre motif au piano de “Gole Yakh”.
Groupe de musique faisant exclusivement des reprises de chansons célèbres.
Une des deux branches majoritaires de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il émerge quelques décennies après la mort du prophète Muhammad en 632, dans un contexte de tensions politiques et religieuses terribles.
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