L'amour sorcier

En France la musique Yéyé, une bien pâle copie de tubes rock américains, accouche d’une ribambelle de chanteurs et chanteuses qui ne tiendront pas bien longtemps le haut du pavé. Certains, comme Johnny Hallyday, sont cependant aux prémices d’une belle carrière, alors que les grandes personnalités de la chanson française arrivent à maturité (Ferré, Brassens, Brel, Barbara, Ferrat, Gainsbourg, Nougaro, Aznavour). Les musiques et danses du Brésil et d’Afrique commencent à devenir familières du grand public. Sciences et technologies font d’étonnants progrès : le premier cœur humain est greffé en 1967, la conquête spatiale bat son plein et les ordinateurs calculent de plus en plus vite. Enfin, la contraception est commercialisée en 1967 : les filles se sentent plus libres. Est-ce pour cette raison que la minijupe fait fureur ?

Sur fond de chant tribal, de djembé et de balafon, Claude Nougaro nous entraîne dans une danse endiablée ! Si au pays des sorciers, l’amour est roi, la musique et le rythme sont une religion ! Le thème tourne en boucle et on entend venir la transe qui peut s’emparer des danseurs et leur faire perdre la tête. L’intensité de l’interprétation de Claude Nougaro fait merveille.

Claude Nougaro offre à travers cette chanson une belle ode à l’Afrique, celle des traditions, peuplée de figures anthropomorphes que le sorcier guérisseur fait surgir. Cette évocation du fascinant rituel de l’amour porte un message de paix : il prétend guérir les belliqueux, lanceurs de sagaies, et leur oppose « L’amour c’est pas sorcier » ! La fraternité entre les peuples est un de ses thèmes de prédilection, la rencontre des cultures sa profession de foi. Nougaro, le bouillant Toulousain, est un humaniste.