"Boléro" de Ravel, 1928

Entendez-vous au loin l’ostinato* imperturbable et obsédant de la caisse claire, à qui s’ajoutent tour à tour les instruments de l’orchestre symphonique ? C’est « Le Boléro » de Maurice Ravel, morceau qu’il composa en 1928 sur la demande de sa grande amie Ida Rubinstein. La célèbre danseuse russe souhaitait une musique de ballet pour orchestre symphonique aux inspirations d’Espagne. Basque de naissance, Ravel était profondément épris de ce pays.

Ce que l’on ignore souvent, c’est que le Maurice Ravel était bien le seul à ne pas comprendre l’engouement autour cette œuvre de commande. Il compose « Le Boléro » à 53 ans, en pleine crise d’inspiration, prenant pour modèle l’industrialisation de son époque et le travail à la chaîne. C’est ce qui explique cette construction orchestrale simple et répétitive, inspirée du boléro, une danse traditionnelle andalouse. Le morceau est bâti sur un immense crescendo dans lequel la parole musicale circule dans les rangs de l’orchestre : des bois vers les cuivres, jusqu’aux cordes.

Ida Rubinstein organise la première du « Boléro » à l’Opéra de Paris le 22 novembre 1928. Les critiques sont subjugués ; le succès est immédiat. Aujourd’hui encore, « Le Boléro » est un des morceaux les plus joués au monde. Conséquence fâcheuse : l’œuvre de Ravel est trop souvent réduite à son Boléro. Pourtant, d’autres de ses morceaux convoquent mélodies et rythmes espagnols comme son « Alborada del gracioso » pour piano, ou encore sa « Rhapsodie espagnole » pour orchestre. Son répertoire pour piano, virtuose et moderne pour son temps, est également à écouter sans modération !

Boucle musicale obstinée au rythme, à la mélodie ou à l’harmonie caractéristique, se répétant tout au long d’un morceau. Exemples fameux d’ostinato : « Le Boléro » de Maurice Ravel (1928), la bande originale du film « Les Dents de la mer » de Steven Spielberg composée par John Williams (1975).