Le Tam Tam
Thème
Le Cabaret Tam Tam en quelques mots
Paris, fin des années 1940. La capitale se relève peu à peu du chaos de la guerre et de l’Occupation. La nuit appartient au jazz et aux cafés concerts. La jeunesse se rue dans des cabarets enfumés et pleins à craquer ; elle danse toute la nuit dans les caves du Quartier Latin. En 1949, un immigré algérien, Mohammed Ftouki, ouvre le Tam Tam (acronyme joliment tourné de Tunisie Algérie Maroc, le « grand Maghreb ») au cœur du quartier de fête, rue Saint Séverin. Ce cabaret oriental comme d’autres fameuses adresses (citons la Casbah ou El Djazaïr) devient un haut lieu des nuits parisiennes pendant près de dix ans. Danse, concerts, Ftouki y invite les vedettes de la musique orientale de l’époque, comme Salim Halali ou Mohamed el-Kamel, et pousse sa fille encore enfant à chanter sur scène. Elle s’appelle Warda et elle deviendra une star absolue de la musique dans le monde arabe.
En 1958, les « événements » en Algérie rattrapent le patron du Tam Tam qui est poussé à l’exil avec sa famille. Il est accusé de cacher des armes pour le FLN. C’est la fin du Tam Tam, mais son influence sur la culture maghrébine se ressentira pendant des décennies.
Malgré un orientalisme 'stigmatisant', ces cabarets, à la fois lieu d’espionnage pour les Renseignements généraux et de rencontre pour des militants du FLN venus collecter des fonds, voyaient poindre l’horizon d’une émancipation. Des musiciens, formés dans ces cabarets, rejoignaient la troupe artistique du FLN. La famille de Warda fut aussi expulsée au Liban, accusée d’avoir caché des armes pour la Libération. Le Tam Tam fut fermé. Finalement, c’est en exil, et notamment dans ces cabarets, que s’est construite, en partie, la modernisation des expressions politique et musicale.Naïma Yahi, historienne, à propos des cabarets orientaux de Paris, entretien avec Anne-Laure Lemancel, RFI Musique, 23/03/2015
Gaëlle Maisonnier
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