Morceau
Extraite de l’album Arrêt sur image paru en 2001, cette chanson écrite par Bernard Lavilliers et composée par Pascal Arroyo aborde de front la question de la fermeture des usines et de la fin du monde ouvrier sur un air de tango. La France des années 2000 est marquée par la déprime générale. Les grandes luttes sociales et la révolution ne mobilisent plus, alors que la précarité et le chômage augmentent. L’extrême-droite progresse en se nourrissant de la peur, de la colère et du sentiment d’impuissance.
Les paroles chantées par Bernard le baroudeur sont un cri d’amour pour le travail émancipateur, pour la beauté de l’ouvrage bien fait et des mains qui construisent et produisent. Un cri d’autant plus déchirant que ce travail est balayé d’un trait de plume ou d’un clic au profit de calculs froids et sans pitié. Dans la musique des « Mains d’or », l’accordéon se déploie et laisse entendre une double sensibilité. Cet instrument perçu comme très franchouillard, symbole de la vieille France populaire, structure ici une musique suave et sensuelle d’inspiration sud-américaine. « Les mains d’or » sonne comme une ode à une époque révolue, chantée avec dignité, la tête haute.
J’ai écrit « Les mains d’or » après avoir vu des fermetures d’usines en Moselle. Des mecs de 45 ou 50 balais se retrouvaient avec des maisons à payer, des enfants toujours à l’école, ils finissaient chez eux, blessés, humiliés. Laminés par le Capital, trahis par les politiciens, les travailleurs n’ont plus que leurs yeux pour pleurer…Bernard Lavilliers
Un grand soleil noir tourne sur la vallée Cheminées muettes, portails verrouillés Wagons immobiles, tours abandonnées Plus de flamme orange dans le ciel mouillé On dirait, la nuit, de vieux…
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