Les p'tits papiers

Deux fêtards qui se rencontrent, cela ne pouvait que donner un cocktail détonnant et ce dernier porte un nom, « Les p’tits papiers », chanson sortie en 1965. Serge Gainsbourg et Régine se sont croisés dans l’antre de la reine du Paris qui s’amuse, le Whisky à Gogo, qui était le repaire de toutes les coqueluches du moment. La gueule de nuit et le chanteur à la tête de chou se reconnaissent au premier regard : Gainsbourg voit en Régine une filiation de Fréhel et Régine voit en Gainsbourg un génie incompris et attachant. Inspiré d’une chanson de Maurice Vaucaire et Paul Delmet datée de la fin du XIXème siècle, « Les petits pavés », qu’il affectionne particulièrement, Serge Gainsbourg écrit pour Régine ce qui deviendra un classique de la chanson française. Régine se confie à ce sujet : “ A la minute, je me dis : “C’est ma chanson.” Il y a eu un silence absolu. Que ce serait mon tube, la chanson qui resterait, non seulement des douze qu’il m’a écrites mais de tout le répertoire français, je l’ai su immédiatement. “ Et Régine a visé juste ! “Les P’tits Papiers” se vendra à plus de 240 000 exemplaires et ce titre reste à ce jour, son plus grand succès.
Une mélodie pianotée à la rythmique entraînante qui nous plonge dans l’ambiance d’un bar saturé de fumée où trône un tourne-disque, un décor en demi-teinte qui va comme un gant à la reine de la nuit. D’une rime à l’autre, « Les petits papiers » croque nos états émotionnels qui déteignent sur ces bouts de papelard. Un texte truffé de jeux de mots et très imagé, dont Gainsbourg a le secret et que Régine interprète à merveille dans un chanté-parlé un brin gouailleur. Des mots d’amour, de peine, des papiers insignifiants mais aussi des papiers qui vous donnent un droit d’entrée dans un pays. Bien des années plus tard, Noir Désir reprend la chanson et dédie les p’tits papiers de Régine et Gainsbourg à ceux qui n’en ont pas.