Little Bob

Little Bob, connu à la ville sous le nom de Roberto Piazza, est né en 1945 à Alexandrie dans le Piémont. Fils d’ouvrier et petit-fils d’anarchiste italiens, le jeune Roberto se nourrit de cet esprit de contestation et d’insoumission propres aux résistants antifascistes. Sa famille s’installe au Havre alors qu’il fête son treizième anniversaire. Le garçon y découvre la grisaille, les rafales de vent et l’âpreté d’une ville rythmée par l’activité des docks et de l’usine. Passionné de rock et de blues, Roberto rêve de Grande-Bretagne et de territoires états-uniens. Le Havre pourrait alors apparaître comme un obstacle à sa traversée de l’océan Atlantique. Pourtant, c’est dans cette ville que Little Bob développera sa singularité, son rock.
Très tôt, celui qui rêvait d’être soit footballeur soit Elvis Presley, forme ses premiers groupes. Il faut dire que Roberto n’a pas la « gueule de l’emploi ». Sa petite taille, son physique ingrat l’éloignent du rockeur idéal à la carrure gigantesque, celui dont la beauté est arrogante. Les pieds bien ancrés dans le sol et la coiffe pleine d’insoumission, Little Bob enchaîne les scènes et les groupes. Il y dépasse sa timidité, le rapport des autres à son corps, pour tout mettre dans une voix unique qui chante, hurle le blues et le rock. De sa tenue à sa singulière présence scénique, ce sont les rêves, la passion, cumulée depuis tout petit, que le Havrais transmet au public.
La création du groupe « Little Bob Story » en 1971 permettra, à celui dont le cuir était déjà bien épais, d’entrer dans la légende du rock français. Accompagné de Guy-Georges Gremy à la guitare, de Barbe noire à la basse et de Mino Quertier à la batterie, le « Marguerite Duras du rock français » sort huit albums studio. Si « Little Bob Story » ne connait pas de succès populaire en France, leur pub rock est reconnu au Royaume Uni ! Adulé par Lemmy Kilmister (le patron de Mötorhead, disparu en 2015) et par les magazines spécialisés, le groupe tournera massivement dans les salles britanniques à la fin des années 1970. Infime est le nombre de rockeurs français pouvant se targuer d’un tel tableau de chasse.
En 1989, « Little Bob Story » se sépare et voit Little Bob s’essayer à d’autres styles, notamment le jazz. Avec « Little Bob Blues Bastards », fondé en 2012, celui qui cumule plus 45 ans de carrière, revient à son rock n’roll originel, celui qui puise son énergie des flots havrais. Son dernier album, We Need Hope sorti en 2021, est un cri d’espoir, un cri pour survivre, pour celui-ci qui a perdu son âme sœur, Mimie. Little Bob y démontre encore une fois son invraisemblable pouvoir, celui de délivrer de l’ « émotion brute ».