Luk Thung

Le luk thung, qui signifie « chanson d’un enfant des champs » ou « musique des rizières » en thaï, est un genre de musique country typiquement thaïlandais né au début du XXème siècle. Le luk thung raconte le dur travail des paysans et des ouvriers, leur lutte et leurs désirs avec un tempo lent, portées par des voix vibrantes et expressives. Ce style, dont les racines peuvent rappeler celles de la country américaine, évoque la pauvreté rurale, l’éloignement des proches, la nature, la religion, l’amour, les traditions… Souvent, les textes sont réalistes, voire triviaux, brutaux, prosaïques. Parfois, ils sont déclamés. Les mélodies sont simples, entêtantes. Ses chansons sont souvent la bande originale de nombreux films musicaux, ce qui expliquent leur large diffusion en Thaïlande.
Pourtant, le luk thung eut du mal à résister à la mondialisation. Dans les années 1980, la pop thaïlandaise, appelée le string, écrase tout sur son passage. Mais malgré la disparition des figures des proue du genre, comme Pumpuang Duangjan décédée en 1992, le luk thung n’est pas mort. Il connaît même un revival depuis les années 2000, à la faveur de la crise identitaire nationaliste traversée par le pays. La musique des rizières est un atout de choix dans un mouvement de défense des valeurs thaïlandaises face à l’hégémonie occidentale et de la pop. Aujourd’hui, le luk thung se mélange tant à la pop qu’au mor lam, cette musique folk du nord-est du pays, qui accélère le tempo, avec des artistes comme Siriporn Amaipong ou Monkhaen Kaenkoon. Les instruments sont tant traditionnels (khen, phin), que modernes et électroniques. Encore aujourd’hui, le luk thung est souvent écrit et composé par et pour les gens du peuple. En 2020, les vedettes du luk thung chantent le coronavirus, à l’instar de la très connectée Jintara Poonlarp, et n’hésitent pas à dénoncer l’abandon des campagnes par la politique, face au virus. Leurs clips font des millions de vues sur Youtube.
Le luk thung est un parfait exemple de style musical qui a su évoluer avec son temps, sans vendre son âme ni perdre de sa superbe.