Artiste
Washington, D.C., États-Unis
Né en 1939 à Washington D.C., Marvin Pentz Gay Jr est une des plus belles voix de la musique afro-américaine. Une voix, mais pas seulement. Il signe des chansons majeures qui ont accompagné la libération sexuelle et sensuelle des années 1970. Sa vie entière (et sa mort) sont intimement liées à sa relation avec son père, un pasteur violent et malsain qu’il déteste autant qu’il cherche à plaire. Mais aussi à sa relation au Bien et au Mal, au sacré et au profane. Une tension déchirante, une schizophrénie qui est à l’image de son pays, les États-Unis, écartelé entre sa vitalité culturelle et artistique et son puritanisme.
Comme de nombreux artistes de l’époque, le jeune Marvin apprend la musique et le chant à l’église. Il commence sa carrière dans les années 1950 dans des ensembles de doo-wop, un style musical basé sur la voix et les harmonies, très populaire chez les jeunes Afro-Américains. En 1961, il est repéré par le célèbre label Motown où sa voix chaude et douce fait fureur. Véritable usine à stars et à hits calibrés, la Motown en fait un crooner adulé par le public, noir ou blanc. Ses duos avec de jeunes chanteuses du label, comme Tammi Terrell, sont de vrais tubes dans les années 1960. Mais il est peu à l’aise sur scène. Il est timide et manque de confiance en lui. Son nom, “Gay”, lui vaut des sarcasmes et nourrit des rumeurs sur sa prétendue homosexualité. Marvin décide de rajouter un “e” à son nom pour faire taire ces bruits et mettre un peu de distance avec son paternel, toujours dans les parages. Il se fabrique peu à peu un personnage de macho, se met à la boxe et chante l’amour encore et encore. Son premier succès solo, “I Heard It Through The Grapewine”, un morceau sur un mari jaloux et parano persuadé que sa femme le trompe, sort en 1968.
Au tournant des années 1970, fort de son succès, Marvin Gaye s’éloigne de la Motown et de son patron tout-puissant Berry Gordy pour opérer un grand virage. Nous sommes à une époque où les États-Unis s’embourbe dans la guerre du Vietnam, où les émeutes raciales font des morts parmi les Afro-Américains, où la conscience du changement climatique commence à peine à frémir. Le label lâche du leste pour pouvoir garder la poule aux œufs d’or.
La soul chevillée au corps, Marvin Gaye publie deux albums qui feront date : What’s Going On (1971) et le très sensuel Let’s Get In On (1973). Ses démons personnels ne le lâchent pas non plus. Il divorce deux fois, il est accro à la drogue et à l’alcool et n’arrive pas à se défaire de ses angoisses et de son insécurité permanente. Il devient peu à peu l’ombre de lui-même.
Au début des années 1980, dépressif et ruiné, alors qu’il vit un come-back bienvenu, Marvin Gaye retourne vivre chez ses parents dans une atmosphère étouffante. Les disputes avec son père sont incessantes jusqu’à l’escalade et celle de trop. Le 1er avril 1984, le vieux pasteur sort une arme offerte par son fils quelques mois plus tôt et le tue à bout portant.
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