Groupe
Beyrouth, Liban
Nous sommes en 2008. C’est au détour d’une simple jam nocturne à Beyrouth au Liban que se forme le groupe Mashrou’Leila. Leur nom, dont l’une des significations est « projet d’une nuit », rend hommage à cette rencontre. Avec quatre albums et un EP en 13 ans d’existence, la nuit a été prolongée, entraînant toujours plus d’auditeurs dans son attirante obscurité. Pourtant, l’industrie musicale libanaise, habituée, depuis le début des années 90, à créer des superstars standardisées, ne favorisait pas l’émergence d’un tel phénomène. Au fin fond de l’underground beyrouthin, le groupe a développé un style singulier et a su trouver sa voix, celle d’une jeunesse en quête de libertés individuelles.
Porté par les printemps arabes, Mashrou’Leila chante la fureur d’une génération qui ne demande qu’à vivre comme elle le souhaite, loin des conventions et de normes sociales étouffantes. Ahmed Sinno, chanteur et parolier du groupe, défend avec une subtilité désarmante les droits LGBTQ et surtout le droit de disposer de son corps. Sa plume dépeint, en dialecte, les maux d’une société libanaise fragmentée et corrompue. Toutefois, l’esprit satirique des chansons n’empiète pas sur l’objectif que s’est fixé le groupe : faire danser pour rassembler, se (re)trouver. Sans jamais le revendiquer, Mashrou’Leila est peu à peu devenu l’étendard d’une génération, s’attirant de fait les foudres des institutions religieuses et politiques du pays qui s’attelèrent à annuler des concerts et à discréditer le groupe.
Dans le souvenir encore palpable de la guerre du Liban (1975-1990), Mashrou’Leila, dont les membres sont d’origines confessionnelles différentes, illustre musicalement l’ouverture à l’autre. Cette formation rock rassemble les multiples influences musicales présentes au Liban, du répertoire arménien à l’indie-pop occidentale, en passant par la musique classique arabe. Ce grand mélange se couple à une envie constante d’en faire évoluer le son. Les ballades instrumentales des premiers albums ont laissé la place à des compositions électroniques langoureuses et poétiques. Difficile de dire où Mashrou’Leila nous mènera dans les prochaines années, mais il est certain que leurs notes reflèteront de nouvelles aspirations, de nouveaux espoirs.
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