Thème
Ce nom scintille au firmament des musiques populaires américaines. Tamla Motown, ou Motown tout court, est, a-t-on dit, la Rolls Royce de la soul, une de ses expressions les plus sophistiquées dont l’âge d’or s’est étalé des années 1960 aux années 1980.
Cette maison de disque culte est née en janvier 1959, quand Berry Gordy, ouvrier de la grande firme automobile General Motors à Detroit et musicien, auteur-compositeur le soir, décide de publier de premiers enregistrements sous le label Tamla, puis Tamla Motown, contraction de “Motor Town”, surnom de Detroit. Premier titre, premier hit : “Money (That’s What I Want)” chanté par Barrett Strong, qui deviendra un des grands auteurs de la firme, est classé second dans les hits. Rapidement Gordy, homme d’affaire redoutable et fin limier quitte le bleu de l’usine et repère de jeunes chanteurs et chanteuses qu’il va transformer en artistes majeurs. Son ambition est claire : séduire le grand public blanc avec des chansons délicieusement sucrées et acidulées, orchestrées avec violons et orchestre, mais propulsées par une implacable section rythmique; ce qu’apprécie le public afro-américain. Des voix d’or et des auteurs et compositeurs hors pair ont ainsi bâti un des catalogues les plus prestigieux qui soient. La compagnie fût à dessein nommée Hitsville, clin d’œil pas forcément sympathique au travail à la chaine que connut Gordy à l’usine : bien des artistes eurent à se plaindre du rythme effréné des cadences de production !
Leur liste est impressionnante et s’apparente à l’énumération d’un Olympe de la soul : Marvin Gaye, Smokey Robinson and the Miracles, The Marvelettes qui signe l’un des premiers succès du label “Please Mr. Postman”, Diana Ross et les Supremes, Mary Wells, The Four Tops, Gladys Knight and the Pips, The Temptations, Stevie Wonder, Martha and the Vandellas, The Jackson Five, Michael Jackson…
Il s’agissait d’une des premières maisons de disques fondée par un Noir aux États-Unis, et la seule à avoir connu une telle réussite. Mais ce souci de réussite a mis la firme et ses artistes à l’écart du grand mouvement pour les droits civiques, auxquels ils se sont peu associés, jusqu’à ce que la révolte éclate, avec la publication de What’s Going On, album majeur de Marvin Gaye dans lequel il s’affranchit, le premier, de la tutelle écrasante d’un Berry Gordy rivé à son business, au contraire de sa rivale Stax, sur la côte Est, bien plus impliquée avec ses artistes.
Pourtant, alors que la musique noire était encore stigmatisée Motown aura joué un grand rôle dans l’affirmation d’une scène artistique afro-américaine de grande qualité. Soixante ans après sa fondation, on sent encore l’influence énorme qu’a eu le label sur les musiques populaire, et comment il a pu ouvrir des portes à de futurs artistes et genres musicaux. Racheté à la fin des années 80 par l’ogre Universal, le label poursuit aujourd’hui mais avec un succès moindre, son exploration des tendances musicales contemporaines.
Avant Berry Gordy, il n'était pas particulièrement chic d'avoir des disques de musique noire chez soi quand on était blanc.Marvin Gaye à propos du succès de la Motown
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