Morceau
Années toc, années fric, les années 80 voient arriver les grandes catastrophes sur fond d’insouciance. D’un côté Sida, Tchernobyl, guerre en Afghanistan, famines en Afrique et misère dans les grandes villes, de l’autre Golden Boys et dollars à go-go. De grandes espérances politiques ont conduit la gauche au pouvoir en 1981 et les mentalités avancent : la peine de mort disparaît, les droits des homosexuels progressent, on s’ouvre aux expressions artistiques du monde avec la world music et tout se modernise. Mais la télé, le loto et le marketing commencent à prendre le pouvoir et « chacun pour soi, chacun chez soi » devient la règle. C’est sur fond de fatalisme, d’impuissance et de renoncements que commencent à s’ancrer des idées brunes, les idées du Front National.
Dans une atmosphère lourde de solitude et de violence, Lavilliers fait l’éloge de la poésie l’arme de la liberté, tant redoutée des dictateurs. Avec des références prononcées à la littérature sud-américaine (Gabriel Garcia Marquez) ainsi qu’à deux grandes icônes africaines (Fela Kuti et Nelson Mandela), Lavilliers l’affirme : d’un bout à l’autre du globe, la musique est un cri de révolte commun à tous, universel. Les vers en lingala, langue bantoue centrafricaine, sont chantés par N’Zongo Soul, artiste du Congo Brazzaville.
C’est dans une ambiance atmosphérique, brumeuse, plaintive que commence le morceau auquel le rythme lent, binaire de la batterie donne une impression tendue et moite. Entre les guitares électriques, les percussions africaines, ce sont surtout les synthétiseurs qui priment : ils se situent sur tous les plans (une sorte de chœur plaintif, une flûte de pan, une nappe mélodique proche du violon…). La voix chaude et sensuelle de Lavilliers se transforme en cri de révolte lorsqu’il évoque un cœur qui bat, comme un hymne à la vie et à la fraternité. Le solo de guitare électrique et son envolée sont typiques des morceaux aux tonalités rock de cette époque.
C'est une ville que je connais Une chanson que je chantais Y a du sang sur le trottoir C'est sa voix, poussière brûlée C'est ses ongles sur le blindé Ils l'ont battu à mort Il a froid, il a…
Vous trouvez qu'il manque un média ?
Créez un compte ou connectez vous pour suggérer d'autres médias.
Se connecter