Paco de Lucia

Paco de Lucia ou la légende du flamenco, qui n’a jamais eu besoin de déchiffrer une partition de musique. Paco de Lucía, celui qui, l’air de rien, assis sur son tabouret et les yeux mi-clos, a révolutionné le flamenco. Cet artiste andalou originaire d’Algeciras est tombé dans le flamenco tout petit : son père était un excellent guitariste et le sommait de jouer des heures durant des falsetas, courtes mélodies jouées entre deux couplets chantés ou pour accompagner les danseurs.
A peine âgé de 14 ans, la carrière de Francisco Sánchez Gómez débute, aux côtés du chorégraphe et danseur José Greco. A son contact, le jeune musicien découvre les géants du flamenco que sont Sabicas et Mario Escudero. Par la suite, il collabore avec Ricardo Modrigo et compose l’album au titre tout trouvé de “La fabulosa guitarra de Paco de Lucía” (1967). Il atteint une certaine notoriété mais ce sera une rencontre impromptue qui fera décoller sa carrière. En 1968, un jeune chanteur à l’allure fluette et aux cheveux roux se présente : il s’agit du seul et unique Camaron de la Isla ! Neufs albums, des tournées internationales, le duo enflamme les foules et dépoussière le flamenco franquiste pour lui donner une touche d’inattendu.
Mais le grand maître du flamenco ne s’arrête pas là et fera rimer flamenco avec jazz-rock grâce à John Mc Laughlin et Al Di Meola, un trio mythique réuni lors du concert de juin 1980 à San Francisco… Sa rumba “Entre dos aguas” (1973) devient un incontournable. Paco de Lucía fascine par sa technique indépassable mais aussi sa grande humilité. En 2014, âgé de 66 ans, il s’éteint au Mexique : celui qui estimait qu’il jouait toujours mal pendant ses concerts laisse un grand vide dans le paysage musical espagnol. Et le maître dans l’art de faire chanter ses cordes fait résonner ses mélodies, aujourd’hui encore, dans chacune des nuits flamenca de la belle Andalousie.