Pas l'time

Qui a dit que pop et classique ne pouvaient pas faire bon ménage ? Sûrement pas les L.E.J. qui, après leur second album, ont su rebondir avec ce titre surprenant, déroutant, étonnant et détonnant sorti en 2019.
« Pas l’time », entre électro, pop et rap, est un exemple novateur des usages possibles de la musique classique et de ses instruments dans la pop d’aujourd’hui. D’abord, un couplet brouille les pistes : à une basse presque électronique, puis un beat hip-hop, s’ajoutent les voix, mi-parlées, mi-chantées, sous une couverture de traitement informatique saupoudrée d’autotune. Pas de doute, le trio est résolument hip-pop… Jusqu’à cet appel, juste avant le refrain, au violoncelle. Violoncelle qui est aussi le garant du thème, presque gimmick, entêtant dans le refrain. Alors qu’on ne l’attendait pas, il prend toute la place et le pas sur les voix, qui s’efforcent de cohabiter et de contraster drastiquement, en devenant robotiques. Le violoncelle ne cédera plus sa place et restera au moins en arrière-plan sur les couplets suivants. Le final, grandiose, laisse place à la virtuosité classique des voix du trio, accompagnées au violoncelle. Jusqu’à la ponctuation ultime. Une œuvre qui se danse, ou qui se déguste comme une rhapsodie*.
Dès le début du clip, le ton est donné : Elisa, toute de noire vêtue, regarde fixement la caméra tandis qu’une musique électro sombre passe en fond sonore. Les trois filles déambulent dans une fête puis dans les rues parisiennes. Tour à tour en calèche, en trottinette électrique ou sur un bateau-mouche, le trio semble, dans un délire mégalomane, parodier les “Summer”, ces vidéos de reprises qui ont fait leur succès sur Youtube. Avec « Pas l’time », L.E.J. veut faire passer un message. Sa carrière a explosé vite, très vite et le trio n’a pas de temps à perdre avec les haineux qui viendraient freiner son ascension fulgurante.

Une pièce instrumentale de musique classique très libre, presque improvisée.