Instrument
Le développement des musiques enregistrées va totalement modifier notre rapport à la musique. Son écoute collective et en direct évolue vers un rapport différé et individuel, une approche plus intimiste et plus sensible. Les techniques développées tout au long de cette transition influencent encore aujourd’hui les formats de chanson ou les supports d’écoute comme le disque. Retour sur 150 ans d’histoire.
En 1877, Charles Cros, poète et inventeur français, imagine le paléophone : “ un procédé d’enregistrement et de reproduction des phénomènes perçus par l’ouïe “. Mais il n’a pas les moyens de le fabriquer. La même année, l’Américain, inventeur et homme d’affaires Thomas Edison fait breveter un appareil analogue à celui de Cros : le phonographe. Ces premières inventions sont révolutionnaires : elles permettent de capturer le son et de le restituer. Mais le support, des rouleaux, est de qualité médiocre et peu pratique. Du reste, Edison ne s’intéresse pas à la musique. Selon lui, son invention sert à optimiser les processus de travail, les consignes étant enregistrées et transmises.
Toutefois, les innovations s’enchaîneront. Emile Berliner invente le gramophone (le disque prend la place du rouleau) et crée la première Major du disque, la Gramophone Company. Mais la qualité pèche et le support, principalement du celluloïd, est fragile. Il faut une dizaine de disques tournant à 78 tours par minute pour écouter une symphonie de Beethoven… L’apparition dans les années 1930 de l’enregistrement magnétique en Allemagne va produire une avancée majeure en termes de fidélité sonore. Celle-ci trouve son support avec le microsillon, gravé sur du polychlorure de vinyle, un dérivé du pétrole. Né en 1948 dans les laboratoires de CBS aux Etats-Unis, il va se décliner en plusieurs formats (LP, EP et single) et deux vitesses : le 45t et le 33t 1/3. De grandes entreprises comme Philips inventent l’électrophone puis le tourne-disque : la platine vinyle est née, son marché explose, et elle va révolutionner les pratiques d’écoute de toute une génération.
L’objet est majeur, l’expérience est à la fois immersive, personnelle, et partagée. Les disquaires se développent, on s’échange les disques dont les pochettes sont une source de connaissances musicales palpitantes ou une invitation à la rêverie. A une époque où les musiques qui les attirent sont servies sur une poignée d’émissions à la radio et à la télévision - en noir et blanc ! - les jeunes se ruent dans les magasins de disques. L’attraction du disque est très forte. On n’écoute plus le son de la même façon. L’oreille s’affine, elle devient exigeante et développe des passions. Summum de cette course, la chaine hi-fi domine les années 70 à 2000 en garantissant la haute-fidélité dans la reproduction sonore avec ses multiples appareils aux façades argentées parsemées de petites lumières, sur lesquels trône la platine.
Avec l’arrivée de la cassette audio et du CD à la fin du XXème siècle, puis dans les années 2000 celle de la révolution numérique, les producteurs phonographiques ne vendent plus de vinyles. Leur fabrication cesse tout comme leur commercialisation.
Il faudra attendre 2010 pour commencer à voir ce qui s’annoncera comme le grand retour des vinyles, et permettra de dépoussiérer les vieilles platines indémodables. Les audiophiles, mélomanes et collectionneurs qui apprécient la qualité sonore supérieure des disques en vinyle, les remettent au goût du jour. C’est le retour au noir, à la galette et ses sillons, et une nouvelle opportunité de révolutionner la platine.
Certaines éditions sont collectors, on les cherche, on se les arrache.
3:34
8:53
3:45
55:05
4:02
4:48
4:02
Vous trouvez qu'il manque un média ?
Créez un compte ou connectez vous pour suggérer d'autres médias.
Se connecter