Quand on arrive en ville

Morceau

1978

« Quand on arrive en ville », hymne aux voyous et ode à la jeunesse ?

Du génie artistique de Michel Berger et Luc Plamondon naît en 1978 l’opéra-rock Starmania. L’histoire est simple. Dans une société un brin dystopique, l’Occident est un seul État où tout le monde rêve de devenir une star. Au cœur de la capitale, Monopolis, et son climat de tension, une bande de jeunes sème la terreur. Ils s’appellent les Étoiles Noires, emmenées par leur chef Johnny Rockfort, incarné par Daniel Balavoine. Dans cette production à succès, ce jeune chanteur de 26 ans, célèbre depuis peu, fait sensation avec sa tessiture de contre-ténor. D’une maîtrise vocale impressionnante, Daniel Balavoine occupe avec brio le devant de la scène sur les deux tubes de la comédie musicale « S.O.S. d’un terrien en détresse » et « Quand on arrive en ville ».

« Quand on arrive en ville » raconte l’arrivée en ville du gang des Étoiles Noires et la réaction des badauds, obnubilés par leur quête de gloire et de célébrité. Johnny Rockfort – « hardrock », vous l’avez ? – pousse le cri d’une jeunesse révoltée, violente et délinquante, incomprise par les adultes, les vieux, les politiciens, les journalistes, les riches, bien confortablement installés dans leurs règles et leurs habitudes. Le morceau oppose les « zonards », ces bandes de jeunes qui viennent des banlieues, la zone, et vivent la nuit, aux habitants des centre-ville, bien tranquille, hébétés par le quotidien « métro-boulot-dodo ». Dans la chanson, ces zonards squatteurs de trottoirs ou de hangars, prennent plaisir à terrifier les citadins, à commettre des agressions et à s’impliquer dans des bagarres. Des terreurs, des furieux, bref des voyous, des vrais.

Finalement, cette rébellion face à l’ordre établi, cette recherche d’adrénaline par la délinquance s’entend surtout comme une urgence de vivre, pour une jeunesse perdue et désespérée pour qui le crime est la seule option pour oublier le temps qui passe.

Ces paroles soutenues par une instrumentale puissante, entraînante, font profondément écho à la posture personnelle et à l’engagement de Daniel Balavoine. Deux ans après Starmania, l’interprète du voyou vedette se lance dans un monologue désormais culte face à François Mitterrand, alors candidat aux élections présidentielles, pour alerter sur le désespoir de toute une génération.

La jeunesse se désespère. Elle est profondément désespérée parce qu’elle n’a plus d’appuis. Le désespoir est mobilisateur, et lorsqu’il est mobilisateur, il est dangereux. Il faut que les grandes personnes qui dirigent le monde soient prévenues que les jeunes vont finir par virer du mauvais côté parce qu’ils n’auront plus d’autres solutions.Daniel Balavoine face au candidat François Mitterrand, Antenne 2, mars 1980

Paroles de « Quand on arrive en ville »

Quand tout l'monde dort tranquille Dans les banlieues-dortoir C'est l'heure où les zonards descendent sur la ville Qui est-ce-qui viole les filles Le soir dans les parkings Qui met l'feu aux

Par Aleksien Méry et 

Gaëlle Maisonnier

Playlist

Débat entre Daniel Balavoine et François Mitterrand, 1980

6:48

« Quand on arrive en ville » par Daniel Balavoine, 1978

3:34

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