Rap

Qu’il s’agisse de « rhymes and poetry » (rimes et poésie), ou de « jacter », « bavarder » (to rap en argot), les deux sens résument bien le sujet. Part capitale du vaste ensemble hip hop (où se côtoient le graphe, le break-dance, le beatboxing et le Dj-ing), le rap naît au début des années 70 de plusieurs ingrédients.

La poésie urbaine contestataire apportée par des militants liés au mouvement des droits civiques et aux Black Panthers, récitée d’abord avec des percussions, puis à l’image des sound-systems de Jamaïque, sur des fragments de musiques scratchés sur des disques à l’aide de deux platines de mixage.

Des séquences mises en boucle, des « boîtes à rythmes humaines » et une diction tirant davantage vers le jazz que vers le rock vont petit à petit définir ce genre au succès planétaire qui, mieux que tout autre, dit avec rudesse le monde d’aujourd’hui et scrute « le monde de demain ». Parmi les groupes précurseurs on peut citer The Last Poets ou encore Gil Scott-Heron.

Grand recycleur de rythmes et de phrases musicales, le rap est une des premières musiques à se créer avec du son déjà fabriqué. Des centaines, des milliers de disques de rhythm and blues, de funk et de rock sont passés par les oreilles exigeantes de DJ qui repèrent la phrase, le beat qui trouvera une nouvelle vie sous le diamant des platines. Les écoles du rap sont innombrables et dessinent un univers bigarré où les consciences éclairées de Public Enemy côtoient le mauvais goût d’un gangsta-rap à la Snoop Dogg souvent remarquablement produit. Dans ses excès et sa grande ingénuité, sa démesure et sa lucidité, le rap renvoie une image assez juste de l’Empire, fascinante et repoussante.

Deuxième patrie du rap, la France depuis NTM, IAM, et Assassin voit éclore une scène vivace et virulente, qui élargit les frontières du genre combatifs et poétiques : La Rumeur, La Caution, Casey, Oxmo Puccino, Rocé, Keny Arkana… face à un rap plus bling bling et commercial : Booba, La Fouine, Sexion d’Assaut…