Rebeka Warrior

Elle était partie pour être peintre, la voilà figure tutélaire de la scène électro underground française. Née en 1978 à Saint-Nazaire, Rebeka Warrior a débuté sa vie d’adulte aux Beaux-Arts de Nantes, dont elle sortira diplômée et elle enseignera ensuite en lycée professionnel. Une vie qui semble bien trop rangée pour cette artiste militante et radicale, connue pour ses projets musicaux à contre-courant. Autrice, compositrice, interprète, multi-instrumentiste, elle est la moitié de trois duos iconiques de la scène électro française, tout en traçant sa propre route en solo.

Rebeka Warrior, c’est le croisement que l’on n’attendait pas - mais dont on avait besoin - entre l’électro, le punk et la poésie. Dans trois projets, elle joue sur la provocation, la sauvagerie, l’exhibition, mais aussi sur la sensibilité et la philosophie. Le duo Sexy Sushi qu’elle forme avec Mitch Silver lancé en 2001 se veut un projet intraitable, indomptable, aux textes punks absurdes et énervés, dans un univers électroclash. Avec Mansfield.TYA et la violoniste Carla Pallone, l’ambiance se fait plus intimiste, la musique savante y rencontre l’électro et la chanson. Enfin, de la coldwave, chantée en allemand : c’est le pari réussi de Kompromat, groupe lancé en 2019 avec le DJ Vitalic. Dernière corde à son arc, elle s’est récemment mise à la composition de bandes-originales de films et spectacles, comme Showgirl de Marlène Saldana et Jonathan Drillet en 2022.
Bien courageux est celui qui essaiera de coller une étiquette à l’œuvre de Rebeka Warrior. L’expérimentation est au cœur de son travail artistique : ce sont ses rencontres avec d’autres musiciens qui nourrissent et aiguillent ses pratiques. Quand son esprit digger se réveille, elle devient exploratrice de niches musicales et artistiques. Ses projets se nourrissent de références littéraires, philosophiques et visuelles et se construisent minutieusement. Elle manie ces petits bouts d’autrui avec une grande intelligence et les transforme tant en poésie qu’en éclats de rage. Aussi mystérieuse que solaire, Rebeka Warrior est une guerrière du sensible.

Au cœur de la personne et de l’artiste, une intraitable radicalité. Icone lesbienne, elle s’engage dans les mouvements féministes, queer et antiracistes. Rebeka Warrior co-fonde en 2020 son propre label, WARRIORECORDS. Il porte sous un étendard noir des projets underground aux esthétiques diverses : musiques techno expérimentales, EBM, new wave, mais aussi poésie et fiction sonore. Espace de lutte, de résistance mais aussi de fête, WARRIORECORDS porte ses propres soirées, avec une attention particulière à la sécurité de ses publics et à la rémunération des artistes. La maison abrite les projets de Rebeka Warrior bien sûr, mais également d’autres noms qui cognent comme Uzi Freyja ou Minuit Machine.